Par Frédéric Bonnet
Dans un précédent article (Les raisons de la faiblesse actuelle de l’équipe de France de rugby), j’ai essayé d’analyser les différentes causes de la dégringolade du quinze de France dans la hiérarchie du rugby mondial. Le recrutement massif de joueurs à l’étranger effectué par les clubs du top 14 me semble la cause principale de ces échecs récurrents. La comparaison des principaux championnats mondiaux sur ce point est éloquente.
En préambule, il ne s’agit pas de stigmatiser la présence de joueurs étrangers sur le sol français, mais bien de dénoncer la merchandisation des joueurs, leur rabaissement au rang d’objet de profit à court terme. La surpuissance financière du Top 14 est inversement proportionnelle à l’indigence de l’équipe de France de rugby sur la scène mondiale. La France fait de moins en moins jouer les joueurs qu’elles à mis tant de temps à former. C’est répréhensible d’un point de vue moral vis à vis de ces jeunes, mais c’est en plus délétère pour notre rugby national. Etats des lieux entre les différents championnats.
Rappel
Le Premier ship anglais et le top 14 sont les deux championnats qui vont chercher le plus de joueurs à l’étranger : 20,3 joueurs par club en moyenne pour les anglais et 16,7 en France ! En ligue celtique, les moyennes sont beaucoup plus basses pour l’Ecosse (13), le Pays de Galles et l’Italie (11), mais restent importantes, presque une équipe de titulaire complète. En Europe, l’Irlande et ses cinq provinces fait figure de bon élève. Sa moyenne est proche de celle du championnat japonais (7,7 et 7 respectivement). Mais, les premiers de la classe sont largement l’Afrique du Sud (moins de 1 joueur), la Nouvelle Zélande (3,2) et l’Australie (5,2). Les argentins sont un cas à part puisqu’ils possèdent un championnat national de niveau moyen et composé exclusivement de joueurs argentins. Mais depuis cette année ils ont créé, comme les japonais, une franchise et participent au Super rugby.
Les pays de l’hémisphère sud font donc jouer dans leur championnat leurs meilleurs joueurs, ainsi que leurs jeunes joueurs les plus prometteurs et envoient massivement en top 14 et en premiership leurs anciennes gloires préretraitées de leurs équipes nationales (Carter, Nonu, Smith….) ou leurs joueurs de niveau moyen.
Tandis, qu’en Europe par un effet mécanique, l’horizon se bouche de plus en plus pour nos jeunes joueurs, et ce même dans les divisions inférieures de la pro d2 ou de la fédérale 1.
Remarquons toutefois, qu’ en Angleterre et en France, il y a toutefois à ce sujet les bons et les moins bons élèves ….
Nombre de joueurs recrutés à l’étranger par club en premier ship et en top 14
Premier ship en Angleterre : 20,3 joueurs par club en moyenneNewcastle : 28 joueurs
Worcester : 26 joueurs
Leicester : 25 joueurs
Saracens : 24 joueurs
Wasp et London Irish : 23 joueurs
Exeter : 22 joueurs
Gloucester et Sale : 17 joueurs
Harlequins : 14 joueurs
Bath : 13 joueurs
Northampton : 12 joueurs
Top 14 en France : 16,7 joueurs par club en moyenne
Montpellier et Agen : 22 joueurs
Grenoble et Toulon : 21 joueurs
Pau : 20 joueurs
Racing : 19 joueurs
Oyonnax : 18 joueurs
Castres et UBB : 17 joueurs
Stade Francais, Larochelle et Brive : 16 joueurs
Asm : 15 joueurs
Toulouse : 14 joueurs
Nombres de joueurs recrutés à l’étranger par postes et par championnat
Chaque championnat recrute des joueurs à l’étranger en fonction de ses besoins. Ils ne sont pas les mêmes selon les pays et il y a fort à parier que cet appel massif à des joueurs étrangers se répercutera à moyen terme sur les équipes nationales postes par postes.
Nombre de joueurs en moyenne par club et par poste
Piliers : Angleterre et France (3,6) , Écosse et Italie (2,5), Pays de Galles (2)
Irlande (1,25), Australie, Nouvelle Zélande (1), Japon (0,5) et Afrique du Sud (0,2)
Talonneurs : Angleterre (1,75),
France (0,7), Écosse (0,5), Pays de Galles, Irlande et Australie (0,5), Afrique du Sud (0,2), 0 pour les autres.
Deuxieme ligne : Italie (3), France (2,7), Angleterre (2,6), Pays de Galles (2,5), Écosse (2)
Irlande (1,5), Japon (1), Australie (0,4), Afrique du Sud (0,2), 0 pour la Nouvelle zelande
Troisieme ligne : Angleterre (3,75), France (3,5), Pays de Galles et Écosse (2,5), Japon (2,25)’
Irlande (1,25), Italie et Australie (1), Nouvelle Zélande (0,6) et 0 pour l’Afrique du sud
Demi de mêlée : Angleterre (1,7), Italie (1,5),
Pays de Galles et France (0,75), Écosse et Australie (0,5), Irlande, Nouvelle Zélande et Japon (0,25) et 0 pour les autres.
Demi d’ouverture : Italie, Angleterre et France (1,5), Écosse et Irlande (1)
Japon (0,7), Pays de Galles, Australie et Nouvelle Zélande (0,25) et 0 pour l’Afrique du sud
Centres : Écosse (2,5) et Angleterre (2,1)
France (1,8), Japon (1), Pays de Galles (0,75), Nouvelle Zélande, Australie et Irlande (0,5), 0 pour les autres
Ailier : France (2,8), Angleterre (2,6)
Écosse (1,5), Pays de Galles et Australie (1,25), Irlande et Japon (0,75) et 0 pour les autres.
Arrieres : Italie (1,5), Irlande et Angleterre (1)
Pays de Galles (0,75), France (0,5), Australie et Noù elle Zélande (0,25), 0 pour les autres.
Concernant la France, les postes les plus bouchés et concurrentiels pour nos jeunes espoirs formés en France par rapport aux recrues de l’étranger sont actuellement :
- les piliers
- les deuxiemes lignes
- les troisièmes lignes
- les demi d’ouvertures
- et les ailiers.
A moyen terme, c’est bien l’équipe de Françe qui en pâtira. Mes solutions ?
Vous les retrouverez dans mon article précédent : Les raisons de la faillite de l’équipe de France de rugby sur rugby-en-melee.com.
Grenoble et toulon même nombre ( 21) mais pas de même valeur !!
Sinon ton papier est très intéressant
amitiés
Article acablant !!!
Je m’occupe de sélection de jeune N3 U17 jusqu’à cette année ( niveau 3 supprimé…) et N2 U17 et un tournoi U17! N4 ( équipe Méditerranée) en tant que Kiné
Tous ces jeunes y croient malgré qu’ils soient très conscients de la concurrence des étrangers
Mais ils bossent durs avec un secret espoir d’abord de jouer en équipe de France U18 puis U 20 puis plus si c’est possible
Ils rêvent de top 14 sinon de pro D2 ( faute mieux…)
Depuis 4 ans que je m’occupe de ces jeunes j’ai vu beaucoup de talent très prometteur mais combien arriveront au bout de leur rêve ?????
Hélas trop peu…..
Retrouver Toulouse à la fin de ce classement rend le supporteur du stade que je suis très fier. Je voudrais juste préciser que de Pelous à Marchand beaucoup de nos joueurs sont des régionaux. En plus quand le stade créé une académie ils vont en Nouvelle Calédonie pas aux îles Fidji. Toulouse « mas que un club «
je ne vois pas ce qu’il y a d’accablant dans ce que dit ce papier
tu fais le constat que les jeunes ont la niaque et rêvent d’atteindre le plus haut niveau, soit, mais je ne vois pas en quoi ton propos serait en opposition avec le fait qu’il y a trop d’étrangers en top14…