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Quel avenir pour la Fédérale 1 ?

Par Frédéric Bonnet

La fin d’une époque ?

Pris au sens éthymologique du terme, la financiarisation du jeu de Rugby ne pourrait être qu’une parenthèse dans son histoire. La pandémie du Covid-19 acte la fin d’un système. Dans la mythologie romaine la statue de Terme marquait une borne, une limite. Elle ouvrait dans le même temps une porte vers un au-delà possible. Il est certainement temps que le rugby s’ouvre et invente son avenir.

Car à court et moyen terme, la pandémie de Covid-19 va tout bouleverser :

  • les conditions d’entrainement des joueurs,

  • la possibilité pour les joueurs de disputer des matchs sans mettre en jeu leur santé et leur sécurité,

  • la possibilité d’accueillir des spectateurs dans les stades,

  • le rythme et le calendrier de compétitions éco-responsables, 

  • les transferts des joueurs et leurs salaires,

  • le financement des clubs par des sponsors ou des partenaires, par les communes.

Ces bouleversements vaudront tout autant pour le rugby professionnel, que pour le rugby semi-amateur ou amateur. 

Deux urgences apparaissent : celle à court terme de la survie de certains clubs, l’autre à moyen terme de l’existence même du rugby.

Le champ des possibles est infini. Mais, il existe une certitude, le monde des droits télés, des transferts, des excès devra se reconnecter avec le vrai monde : celui des écoles de rugby, des clubs amateurs et semi-amateurs.

En l’état actuel des connaissances, les épidémiologistes pensent que l’épidémie de Covid-19 perdurera jusqu’en 2021, voire 2022 sans vaccination ou découverte d’un traitement efficace. 

Pendant un temps indéterminé, les clubs de rugby devront se passer d’une bonne part de leurs revenus (spectateurs et hospitalités). Leur économie se basera donc forcément sur des droits TV pourtant bien inférieurs à ceux du foot, et qui ne concernent que les clubs pros.

Mais qui se soucie du rugby amateur ou des écoles de rugby ? La fermeture des vestiaires, ridicule du point de vue sanitaire, est catastrophique du point de vue organisationnel. Comment le rugby va-t-il pouvoir tout simplement survivre sans aide massive de l’état ?

 

 

 

Comme nos instances gouvernementales,l’Etat via son ministère chargés des sports, la LNR et la FFR, naviguent à vue pour réparer les pots cassés de leur impréparation. Elles décident dans leurs coins respectifs du sort de la saison actuelle, tandis que les présidents des clubs pros s’écharpent, se divisent, feignant de croire que l’Histoire de la saison 2019-2020 pourrait avoir un épilogue, alors même que la tenue de la prochaine reste encore très hypothétique. La FFR passe au-dessus de ses propres commissions pour pondre vite fait, mal fait un projet de saison 2020-2021. Il faut dire que nous étions en période électorale.

Faire l’apologie ou la critique d’une nouvelle formule de championnat équivaut à tomber dans les excès de la propagande. De fait, derrière chaque réforme, il y a une idée sous-jacente.

Organisation des compétitions de rugby en France

La grande histoire du jeu de rugby est jalonnée de projets de compétitions aussi divers que contradictoires. Avec par contre toujours un fil conducteur : l’adoption d’un système de ligue ouverte selon un schéma pyramidal. Le système mis en place par le rugby est schématiquement semblable à celui du football.

En clair, chaque saison, un certain pourcentage d’équipes transitent d’un échelon inférieur vers un échelon supérieur (montée-promotion) ou font le chemin inverse (descente-relégation). La pointe de la pyramide est constituée des ligues professionnelles et sa base des ligues amateurs.

Ce système d’organisation est diamétralement opposé à celui Nord Américain des sports collectifs professionnels qui est lui constitué de ligues fermées : chaque année ce sont les mêmes franchises qui constituent la ligue. Ces franchises appartiennent à des propriétaires qui s’acquittent tous les ans de droits de participations. Il existe pour chaque sport collectif (basket, football américain, baseball, hockey sur glace) des ligues majeures et une ou plusieurs ligues mineures. Les ligues majeures regroupent en général une trentaine de franchises réparties en deux sous-ensembles (Est-Ouest), subdivisés eux même en divisions, en raison des distances très importantes entre chaques villes.

Le cas du rugby est un peu particulier puisqu’il n’est devenu professionnel qu’en 1995. Le professionalisme a ainsi redessiné la forme de sa pyramide qui est devenue de plus en plus effilée à sa pointe haute du fait du resserrement de son élite professionnelle.

La première division de rugby est ainsi passée de :

  • 40 clubs séparés en deux groupes A et B dans les années 70 jusqu’à 1987,
  • à 80 clubs avec installation d’un système de barrage jusqu’en 1992,
  • puis 32 clubs jusqu’en 1994, 40 clubs à nouveau jusqu’en 1997,
  • date à laquelle le rugby se limite à 20 clubs (voire 21).
  • Une poule élite rapidement réduite à 16 clubs en 2001
  • puis 14 en 2005.

Le Top 14 combla ses partisans sur toute la ligne : sportive et populaire. Avec toutefois quelques inconvénients :

  • surplus de dates impliquant des saisons qui commencent tôt et finissent tard ou engagement physique des joueurs plus destructeur
  • et début d’inquiétantes dérives financières

Des dérives financières et un emballement de la machine qui aboutissent à la probable explosion prochaine de la bulle économique ovale. La pandémie de Covid-19 aura agit comme révélateur et accélérateur de la catastrophe à venir. Ainsi, selon la DNACG 9 clubs du Top 14 et 7 clubs de la Pro D2, soit 16 des 30 clubs de rugby professionnels ne vont pas pouvoir présenter des budgets leur permettant une autorisation d’engagement pour la saison prochaine.

Le paradoxe veut que les clubs les plus en difficulté cette année sont ceux qui se basent sur une économie réelle (billeterie, sponsor, droit télé). En creux, la crise actuelle montre à quel point le système est devenu absurde. Le plus grave est peut être que l’on retrouve ce phénomène dans les divisions semi-amateures et amateures du rugby.

La pandémie de Covid-19 : le retour à la course à l’armement ou le point de départ d’un nouveau modèle économique pour le championnat Fédéral ?

C’est la course à l’armement effrénée, absurde et délètère des clubs amateurs ou semi-amateurs qui a poussé l’ancien dirigeant de l’US La Seyne (2009-2016), alors en fédérale 1, à s’engager à réformer le rugby fédéral et territorial. Membre de la commision du statut du joueur et de l’entraîneur dès 2011, représentant du COSMOS aux côtés de Provale et de Tech XV, affolé par les drames sociaux dont il est témoin (joueurs payés au black, sans couverture ni garantie sociale, expulsés de leur logement etc.), il décide de s’engager en 2015 avec l’équipe de Bernard Laporte à la tête de la FFR et devient vice-président encharge du rugby fédéral et territorial.

Des contrats pour tous les joueurs de Fédérale 1

Avec la commission paritaire, composée entre autre d’Olivier Allegret et Laurent Bourlange, il décide d’imposer un statut pour les joueurs en fédérale 1. Ainsi en 2019, sur les 1400 joueurs que comptait la fédérale 1, plus de 900 étaient sous contrat. 

En ces temps de pandémie, cette notion de contrat se révèle primordiale pour les joueurs et les clubs, car il leur permet de toucher le chomage partiel. Et de ne pas se retrouver à la rue, s’ils n’ont pas d’activité hors rugby.

Ces contrats de travail peuvent être à 1/3 temps, mi-temps ou à temps plein. Ils ne sont pas obligatoires pour les niveaux inférieurs à la Fédérale 1, mais ils obéissent aux règles communes du droit du travail dans toutes les divisions pour tout joueur percevant une rémunération.

Un contrôle plus étroit des comptes des clubs

Les clubs ont d’autres moyens, plus indirects, de rémunérer-indemniser leur joueurs. 

  • Grâce aux indemnités kilométriques d’abord (IK). Il n’y a pas de limite aux IK, mais elles doivent être sérieuses et avérées (sinon elles sont très durement sanctionnées par l’URSSAF) et correspondre au déplacement entre le domicile et le lieu de travail.
  • Par le biais de prime de match ensuite, une prime qui rentre dans le cas de la franchise de cotisation (uniquement à l’occasion des manifestations sportives donnant lieu à compétition). Elle est de 132 € brut par évènements, dans la limite de 5 manifestations maximum par mois. Etant entendu que dans ce cas bien sûr, il faut donc que le joueur soit inscrit sur feuille de match, et non spectateur .

Si l’on prend en compte que le stade est le lieu de travail, cela veut bien dire que c’est un travail, donc un contrat. A partir du moment où elles sont contrôlables (feuille de présence, adresse réelle et non logement chez les parents à 500 Kms par exemple), elles sont souvent tolérées par l’administration.

Mais attention, la cour d’appel de Toulouse a confirmé le 9 octobre 2020 (N° 18/05456) le bien fondé d’un redressement opéré par l’URSSAF auprès d’un club de rugby « amateur » au sujet de remboursements de frais, de primes de match et de gratifications forfaitaires mensuelles non constitutives de frais professionnels. En clair, les parties étaient liées par un contrat (non écrit) les plaçant à l’occasion de leur activité sportive sous un lien de subordination, lien renforcé par l’existence d’une charte. Les sommes versées aux clubs doivent donc être réintégrées dans l’assiette de cotisation. 

Le principe général qu’avait voulu introduire Thierry Murie était le suivant : à partir du moment où un club verse une rémunération-indemnisation, elle doit être déclarée et donc soumise à charge. Mais édicter des règles est une chose, les faire appliquer et respecter en est une autre. A son arrivée à la FFR, il constata qu’au moins 80 % des clubs de Fédérale (1,2 ou 3) s’arrangeaient avec la loi. Grâce à l’introduction pour la saison 2019-2020 d’un cabinet de contrôle extérieur à la FFR pour soutenir et renforcer les contrôles des experts du gendarme sportif la DNACG, cette proportion est tombée à 30 %.

En plus de sanctionner les fraudeurs, la FFR les aide en mettant en place des plans d’accompagnement et de redressement individuels pour apurer les dettes et assainir les finances des clubs. 

La pandémie de Covid-19 change la donne

La course à l’armement a ralenti, elle n’est toutefois pas stoppée. Les efforts doivent se poursuivre. Et certainement même redoubler dans la situation actuelle, car la pandémie de Covid-19 change la donne. 

D’une part parce que la crise sanitaire va se doubler d’une crise économique et entrainer la baisse d’au moins 30 à 40 % les budgets des clubs : diminution des subventions communales qui auront d’autres chantiers à mener et des financements des sponsors ou autres partenaires privés. 

Sauf à reprendre les mauvaises habitudes (rémunération en nature en passant par le prêt de voiture ou de logement, fausses déclarations IK etc.), il faudra bien baisser les salaires des joueurs de Fédérale et plutôt se tourner vers un système plus vertueux (aide à la formation et à la recherche d’un travail).

D’autre part parce que le marché de l’emploi des joueurs semi-amateurs va être d’autant plus serré que la Fédérale 1 passera la saison prochaine à 60 clubs (au lieu des 48 de la saison précédente). Les 12 clubs qui montent de Fédérale 2 vont devoir se structurer dans un sytème beaucoup plus complexe avec des contraintes règlementaires, sportives et financières tout autres. Une année de transition qui, si elle revient à 48 clubs la saison suivante, amènera à faire descendre les 4 derniers de chaque poule. Chaque journée reviendra alors à jouer à quitte ou double la survie du club.

A moins que la FFR ne revienne à une poule Elite ou à l’instar du foot à un championnat national, qui avait il y a quelques saisons en arrière montrée toutes ses limites. A ce jour, aucune déclaration officielle n’est venue confirmer ou infirmer cette possibilité.

Une troisième option pourrait être de maintenir cette division à 60 clubs, ce qui reviendrait à moyen terme à affaiblir la Fédérale 1 et à creuser encore plus l’écart avec la Pro D2. Quid des modalités de  montées en Pro D2 ? Quid des descentes en Fédérale 2 sachant qu’il faudra trouver 8 clubs, donc les 5 derniers plus les 3 moins bons onzièmes, une injustice sportive au vu des déséquilibres de niveau entre les poules ?

Si la DNACG relache la pression des contrôles le retour du baton ne se fera pas attendre et les dégâts collatéraux seront terribles quand l’URSSAF mettra automatiquement son nez dans les comptes des clubs : une bombe à retardement.

Changements structurels de l’organisation des divisions

Depuis l’élection de Bernard Laporte à la présidence de la FFR, Thierry Murie, assisté entre autre par la commission des épreuves (Olivier Allegret pour le championnat Fédéral en tant que président du CNCDF, Laurent Bourduge pour le championnat territorial, Christian Laclau, président du club de Tyrosse et d’autres salariés spécialistes des compétitions à la FFR), ont modifié profondément le championnat semi-amateur et amateur.

Leur objectif était triple : freiner comme détaillé plus haut la financiarisation effrénée des clubs, mais aussi harmoniser la pyramide des divisions Fédérales et territoriales et renforcer l’équité sportive au sein de chaque division.

En supprimant la poule dite Elite de la Fédérale 1 en 2017, ils avaient fréiné la surenchère financière des clubs trop gourmants et avaient stabilisé pour quatre années un modèle de compétition (en accord avec plus de 87 % des clubs).

Pour arriver à un système pyramidal équilibré la commission chargée de la planification des compétitions posait tous les clubs sur une carte, répartissant au mieux les clubs ambitieux dans chacune des poules. Sachant que la modification d’une seule division peut avoir des répercussions sur toutes les autres divisions, les axes principaux de travail étaient :

  • avoir une base de la pyramide large pour lui assurer un socle solide;
  • avoir des poules équilibrées sportivement et géographiquement (distances entre les clubs d’une même division).

La tendance générale était déjà à la raréfaction des clubs dans les séries territoriales 3 et 4. Particulièrement dans certaines ligues, étant entendu qu’on ne peut calquer à toutes les ligues le système mis en place en Nouvelle Aquitaine, en Occitanie ou en Ile de France.

A titre d’exemple, l’idée retenue par la ligue AURA était de fondre :

  • la promotion Honneur et la première série pour en faire une division régionale
  • et les séries 2, 3 et 4 en divisions inter-départementales. 

Au bout d’un an d’expérimentation et après le retour de tous les clubs, il fut décidé de garder ce système. On retrouvait ainsi une pyramide structurellement harmonieuse dotée d’une base solide et stable.

La pyramide de la saison 2019-2020

Nombre d’équipes
par division 2019/2020
Division Clubs Nombre de clubs (en plus ou en moins)
Top 14 14  
Pro D2 16  plus 2
Fédérale 1 48 plus 32 (fois 3)
Fédérale 2 96 plus 48 (fois 2)
Fédérale 3 168 plus 72 (fois 1,75)
Honneur 211 plus 43 (fois 1,26)
Promotion 183 moins 28 
Séries 1/2 333 plus 150 (fois 1,82)
Séries 3/4 235 moins 98
Total 1304  

Quelles qu’en soient les raisons, le passage de la Fédérale 1 de 48 à 60 clubs, ainsi que celui de la Fédérale 3 de 168 à 180 clubs, auront plusieurs effets secondaires.

Le premier, et peut être le plus important, concerne le championnat territorial. En effet, la non rétrogradation de clubs de Fédérale 1, hormis Bergerac et Villefranche sur Saone qui ont fait le choix de descendre à l’échelon inférieur, et le désistement de certains clubs pour la montée entraînent de facto:

  • la montée de 14 clubs de fédérale 2 qui restera lui à 96 clubs (allant chercher au passage jusqu’aux clubs classés quatrièmes de poules, une bizarrerie sportive) ,
  • l’élargissement de la Fédérale 3 à 180 clubs au lieu des 168 précédents,
  • donc la montée d’au moins 12 clubs supplémentaires du championnat Honneur …
  • pour aboutir in fine à l’appauvrissement des Séries 3 et 4, déjà dans la difficulté (au moins 24 clubs en moins). 

On l’a déjà vu, une solution consiterait à diminuer le nombre de divisions, une autre, imaginée encore par Olivier Allegret et Laurent Bourduge consisterait à incorporer les équipes Réserves de chaque club. Cette option soulève néanmoins à nouveau le problème de la transversalité entre les équipes 1 et 2 tant défendue assez légitimement par les présidents de clubs.

Si rien n’est fait, les ligues les plus petites en nombre de licenciés auront du mal à organiser un championnat viable. Le rugby amateur ne peut pas se décliner de la même manière partout en France.

La deuxième conséquence de cette augmentation du nombre de clubs en Fédérale 1 est sportive. La constitution des 5 poules de 12 clubs se fera soit sur des critères de niveau (et entrainera de nombreux déplacements de longue distance), soit sur des critères régionaux (et déséquilibrera le niveau sportif entre les poules).

Cette problématique n’est pas nouvelle. Ce qui l’est en revanche, c’est que si la Fédérale 1 revient la saison suivante à 48 clubs, la bataille pour la rétrogradation sera terrible et impliquera plus de clubs (20 contre 8 habituellement). Certains risquent de se bruler les aîles aussi rapidement qu’ils sont montés à l’échelon supérieur.

A moins, que la FFR ait imaginé de repasser par la case Poule élite, division intermédiaire entre le monde professionnel et le championnat amateur. Une poule qui a déjà montré ses limites structurelles, il y a près de deux ans. Une poule que la LNR n’entendait déjà pas absorber auparavant. La pandémie de Covid-19 ne devrait pas changer la position du monde professionnel à ce sujet.

Nombre d’équipes par division 2020/2021
Division Clubs Nombre de clubs (en plus ou en moins)
Top 14 14  
Pro D2 16 plus 2
Fédérale 1 60 plus 44 (fois 3,75)
Fédérale 2 96 plus 36 (fois 1,6)
Fédérale 3 180 plus 84 (fois  1,875)
Honneur 211 plus 31 (fois 1,17)
Promotion 183 moins 28
Séries 1/2 333 plus 150 (fois 1,82)
Séries 3/4 211 moins 122
Total 1304  

Les bouleversements à venir obligent à une réforme enfin ambitieuse

La situation sanitaire, sociale et économique de la France risque d’être profondément et durablement bouleversée. Tant qu’aucun vaccin contre le Covid-19 ne sera mis sur le marché, il y a fort à parier que le pays passera de phases de confinement à des phases de déconfinement partiel, et ceci d’après les chercheurs du département d’infectiologie et d’immunologie d’Harvard jusqu’en 2022, a minima.

Ainsi, beaucoup de matchs auront-ils lieu à huis clos et ce pour une période encore indéterminée. Ainsi, le rythme même des saisons de championnat risque d’être perturbé. Ainsi, le budget des clubs devra-t-il être construit en se basant sur une baisse importante (de 30 à 70 % selon les projections) à la fois des subventions (communales), mais également du mécénat et du sponsoring, sans parler de la perte des recettes billeterie ou buvette.

Le jeu de Rugby est encore à un carrefour qui l’oblige à se réinventer. Un mal pour un bien certainement si les choses sont prises dans l’ordre, sereinement et démocratiquement.

Son modèle était déjà à bout de souffle. La pandémie de Covid-19 sera d’autant plus grave que les sociétés qui ne s’y seront pas préparées. Personne ne peut prévoir l’ampleur des dégâts à venir pour le rugby, professionnel ou amateur. Après une saison 2019-2020 qui restera inachevée, la pandémie était, et est encore, l’occasion, la chance, de se réinventer.

Ce jeu qui met si souvent en avant ses valeurs de solidarité et de combat collectif, devrait amener tous et toutes ses licencié.e.s à se réunir pour débattre de l’essentiel : sa raison d’être et son fonctionnement. Mettre tous les sujets sur la table, comparer les différentes options, débattre et décider, ensemble. 

Car à n’en pas douter, seuls les clubs qui auront pris conscience des nouveaux enjeux entraînés par la pandémie pourront s’en sortir. La crise à venir sera violente et surtout s’inscrira dans la durée.

La Fédérale 1, un championnat effrayant ?

La Fédérale 1 est depuis longtemps déjà un championnat à deux vitesses : Tandis qu’une dizaine de clubs sont structurés sur le modèle professionnel (avec entre 2 et 5 millions de budget prévisionnel, des contrats à durée déterminée pour les joueurs pros, des entrainements quotidiens, une structure médicale performante et une structure administrative performante), une majeure partie des autres sont vraiment amateurs et fonctionnent par primes de matchs et indemnités kilométriques.

Les clubs pros survivront un temps grace au chomage partiel. Mais qu’en sera-t-il si le championnat ne reprend qu’en décembre voire en 2021 ? Dans le contexte actuel, leurs dépenses dépassera forcément leurs rentrées.

Pour les clubs amateurs, ceux à moins d’un million de budget, la situation financière posera moins de problème : pas de match, pas des frais, pas de primes, pas d’indemnités, donc pas de dépenses. Pourtant, un des faits marquants de la saison 2020-2021 est certainement le nombre de clubs de Fédérale 2 qui ont refusé la montée en Fédérale 1. A ce jour, Saint Jean en Royans, Orsay, Vinay, Gruissan, Vichy, Annonay, Peyrehorade, Le Creusot, Nafarroa, Agde, le PUC et Gaillac ont décliné l’offre de la FFR, tandis que Bergerac et Villefranche sur Saone ont demandé à descendre en Fédérale 2 : les contraintes sportives et économiques de la Fédérale 1 la rendrait-elle désormais effrayante ? Voilà un phénomène révélateur de l’absurdité de la situation. 

2 Commentaires

  1. Ce qui est m’inquiète ce sont ces jeunes de 20 ans sans aucune formation et qui sont soit disant professionnels dans des clubs de Fédéral 1 que je ne citerai pas avec des salaires ou frais kilométrique ou black on ne sait pas trop, de 1200€ la chute va être brutale.

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