Le Top 14, un réservoir de joueurs toujours aussi asséché pour le XV de France

Aux postes clefs de demi d’ouverture, de pilier droit et de troisième ligne centre, trop peu de joueurs éligibles au XV de France sont titulaires dans leur club. A ces postes, et dans une moindre mesure aux postes de deuxième ligne, de trois quarts ailes ou trois quarts centres, le réservoir de joueurs du Top 14 est dramatiquement asséché. Logiquement les résultats du XV de France s’en ressentent.

Le XV de France : champion du monde des moins de 20 ans mais en deuxième divison mondiale chez les séniors !

La conséquence majeure de l’écosystème du rugby français centré principalement sur le TOP 14 géré par la LNR, c’est que nos jeunes internationaux sont abandonnés par le rugby pro. Ils n’ont joué cette année en moyenne que 379 minutes pour 7 matchs sur 26 possibles (seuls 4 joueurs ont joué plus de 700 minutes cette saison). Au même moment, les jeunes internationaux de football ont joué en moyenne 2361 minutes pour 31,8 matchs sur 38 possibles. De 6 à 4 fois moins que les internationaux français de moins de 20 ans de football. Un monde de différence.

Le TOP 14, Truman show du rugby mondial

Le véritable responsable du flop du XV de France depuis une vingtaine d’année est bien le TOP 14. La déliquescence des bleus n’est pas multifactorielle. Elle a une seule origine : les modalités de la a financiarisation du jeu de Rugby en France.

XV de France recherche désespérément des joueurs dans le TOP 14

Les conventions LNR-FFR successives ne font qu’illustrer la célèbre fable du scorpion et de la grenouille. Au milieu de la rivière, le scorpion finit toujours par tuer la grenouille : une question de caractère. Dans les faits, le TOP 14 ne laisse qu’un ridicule espace de jeu aux joueurs formés en France, et ce malgré l’étendu de leurs talents. Le succès de l’équipe de France des moins de 20 ans championne du monde 2018 est le témoin de l’excellence de notre formation). Au bout du chemin ovale, c’est le XV de France qui, encore une fois, en pâtit.

Paris, 20 août 1996, crépuscule du rugby français

Le 15 juin 1996 à Albi lors d’une assemblée houleuse la FFR décida de créer la Commission nationale du rugby d’élite (CNRE) présidée par l’ancien parachutiste expert-comptable Séraphin Berthier, ancien trésorier du FC Grenoble. Mais cette commission pris rapidement pour mission de mener un combat interne secret contre la FFR, contre le jeu de Rugby amateur, bref contre l’Histoire, au profit des intérêts particuliers des clubs. 

L’argent tue la glorieuse incertitude du jeu de Rugby

Dis moi quel est ton budget, je te donnerai ton classement. Tout n’est pas si simple heureusement, mais comme pour le football, la logique financière prédit de plus en plus souvent les résultats sportifs des clubs de rugby. Bien entendu, le phénomène n’est pas nouveau, mais l’évolution du fonctionnement budgétaire des clubs de rugby fait que, du TOP 14 à la fédérale 1, le suspense concernant l’attribution des premières et des dernières places n’existe quasiment plus.

FFR ou LNR : faut-il choisir ?

La réussite du modèle rugbystique Néo-Zélandais révèle en creux et en négatif l’abyssal échec du modèle bicéphale français. L’aigle à deux têtes (FFR et LNR) qui dirige le rugby en France pique du nez tel un kamikaze en perdition. La double personnalité du rugby français l’empêche de fonctionner intelligemment et rationnellement.

Les intérêts de la LNR et de la FFR sont à ce point divergents, voire opposés, qu’il est impossible de faire autre chose que du surplace : à savoir avoir un CAC 14 surpuissant qui attire les meilleurs joueurs de la planète et un XV de France aux résultats de plus en plus grotesques.

Pourtant, des solutions existent, encore faudrait-il que la FFR reprenne son leadership sur la LNR. Et que cessent les querelles de personnes et les faux débats ineptes. Il faut changer de paradigme : les clubs sont aux service des joueurs, de leur formation, de leur santé, de l’équipe de France et du rugby. Pas l’inverse.

La réussite des All Blacks en 7 leçons

La réussite éclatante et la suprématie sans partage du Rugby Néo Zélandais sur la planète ovale depuis plus de cent ans n’est pas le fruit du hasard. La fée du rugby ne s’est pas particulièrement penchée sur le rugby made in kiwis. Non, le mythe des All Blacks a été pensé et travaillé longuement et intelligemment. Il répond à un besoin de cohésion sociale et culturel nationale dans un pays peu peuplé et situé aux antipodes des origines du rugby : l’Europe.