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Classement sans suite de l’affaire du dopage aux glucocorticostéroïdes ou comment tout le monde se fiche de la santé des rugbymen

Par Frédéric Bonnet

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Au sujet du dopage aux glucocorticostéroïdes, les médias sportifs et certaines instances du rugby se moquent ouvertement du monde en général et des amoureux du rugby en particulier.

Pour faire le buzz, les médias sortent une « affaire » de dopage en disant tout et son contraire et en stigmatisant certains joueurs. En omettant, comme toujours, de dénoncer les vrais responsables.

Quinze jours après, on n’en sait pas plus ni sur les effets des glucocorticostéroïdes, ni sur leur utilisation dans le monde du sport.

Puis, sans trop tarder, il faut étouffer l’affaire : « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », renvoi aux 22, l’essai n’est plus valable après arbitrage … vidéo d’une obscure commission médicale.

Or de quoi est-il question au fond ?

Tout simplement de la santé des joueurs de rugby. Pas de leur stigmatisation systématique.

Avant d’être des sportifs surpayés, des machines de guerres au temps de péremption de plus en plus court, les rugbymen sont des êtres humains qui arrêteront leur carrière sportive aux alentours de 35-40 ans. img_0124

Dans quel état physique et psychique vivront-ils la moitié du reste de leur vie ? Personne ne semble s’en préoccuper vraiment.  

Pourtant, il y a quelques vérités à redire encore et encore à ce sujet :

  1. Une infiltration de glucocorticostéroïdes dans l’environnement immédiat d’une compétition sportive ET sans repos associé, n’est pas un traitement médical. C’est une médicalisation de la performance, c’est à dire forcer un joueur malade à exercer son métier.
  2. D’ailleurs, les fédérations internationales de l’aviron et du cyclisme l’interdisent depuis 2011.img_0123
  3. L’AMA (Agence mondiale antidopage) n’est d’ailleurs pas ignorante de la dérive des infiltrations de glucocorticostéroïdes. En effet, depuis 2015, cette pratique est incluse dans un programme de surveillance (liste jaune, ce fut le cas, il y a peu du meldonium).
  4. L’administration de glucocorticostéroïdes à répétition entraine une diminution de la force musculaire, une déperdition de la masse musculaire et une destruction des cellules osseuses (effet ostéolytique). Par ailleurs, elle fait chuter la testostérone et diminue la force mécanique du tendon, voire entraine des ruptures du tendon. 
  5. Les instances luttant contre le dopage devraient être indépendantes des fédérations. On ne peut pas être juge et partie. Une fédération n’a pas à juger ou sanctionner un de ses licenciés.
  6. La prévention et l’information des sportifs d’une part, mais aussi et surtout des entraineurs et préparateurs physiques les encadrant, restent le moyen le plus efficace dans la lutte contre le dopage.

L’injection régulière de glucocorticostéroïdes à des rugbymen est dangereuse pour leur santé. C’est bien le seul sujet important du débat actuel.

Les trois joueurs du racing étaient blessés. Ils n’auraient pas dû jouer la finale du Top 14.

Un an avant, lors des phases finales encore, Jamie Cudmore a rejoué après une commotion cérébrale. Il a mis deux mois à s’en remettre et a envisagé de porter plainte contre son ancien club.

Attention, un joueur voudra toujours disputer un match. D’autant plus, si c’est au moment des phases finales. Ce n’est pas à lui de prendre cette décision, mais au staff médical des clubs…

Finalement, cette question rejoint celle de l’exploitation des joueurs de rugby par la LNR : envisager de programmer un match le 24 décembre est symptomatique du peu de considération que le rugby pro leur accorde.

Certes, on ne peut exonérer les joueurs de rugby de toute responsabilité : ils ne devraient pas échanger leur santé contre une place de titulaire dans un match de rugby. Ils ne sont pas « dopés à l’insu de leur plein gré »!

Mais, les vrais coupables sont les dirigeants des clubs professionnels et de la LNR. En imposant à leurs joueurs des conditions de travail indignes, à coup de cadences infernales et en poussant la concurrence à un paroxysme jamais égalé dans le monde du rugby, ils rendent quasi obligatoire le recours au dopage. 

En somme, le règne de l’argent roi et du profit à tout prix, contre la santé et l’épanouissement des hommes et des femmes.

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