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Un rugbyman de moins de 180 cm peut-il encore jouer dans les lignes arrières du top 14 ?

Par Frédéric Bonnet

2019 Cheslin Kolbe (171 cm/74 kg) entre Rynhrdt Elstadt (198 cm/117 kg) et Maks Van Dyk (185 cm / 117 kg) : l’exception qui confirme la règle dans le rugby pro.

Les fondateurs du rugby l’ont créé pour qu’il soit à la fois un jeu éducatif et un sport de combat propre à forger les caractères des jeunes hommes et à leur enseigner le sens de la vie collective. Dans le collège de Rugby, tous les étudiants pratiquaient ce sport, à l’instar de ce qui se passe actuellement en Nouvelle Zélande.

A cette fin, selon Jean Giroudoux, une équipe idéale de rugby se compose de 15 joueurs :

  • 8 joueurs forts et actifs, les avants,
  • 2 joueurs légers et rusés, la charnière,
  • 4 joueurs rapides, les trois quarts,
  • et enfin un dernier modèle de flegme et de sang froid.

Ainsi faite, comme le dit Kleber Haendens, une équipe de rugby permet de développer tout ce que la vie en société exige, à savoir le courage, la solidarité, l’intelligence et la force ; soit ce que l’on appelle désormais les « valeurs du rugby».

Malheureusement depuis l’avènement du professionnalisme en 1995, cet idéal humaniste d’un sport accessible à tous est fort mis à mal, voire tend à disparaître.

En effet, si l’on met de coté les 8 avants qui ont toujours fait figure d’exception en terme de taille et/ou de poids par rapport au commun des mortels, il reste normalement 7 places disponibles pour un homme de taille dite normale dans une équipe de rugby.

Partant de la donnée scientifique établie en 2002 (données de l’UFIH) qu’en moyenne les hommes mesurent 175,6 cm, le recensement du nombre de joueurs faisant moins de 180 cm (soit déjà 4,4 cm de plus que la moyenne nationale !) dans les clubs professionnels français en 1996-97 (un an après le début du professionnalisme) et en 2015-2016, donned es résultats édifiants.

Ils sont portés dans les annexes 1,2 et 3 ci-jointes.

Depuis la saison 1996-1997, un homme qui mesure moins de 180 cm, a quasiment deux fois moins de chance de jouer au rugby dans les lignes arrières et dans le top 14. La moyenne de 7,2 joueurs par club en 1996-97, donc proche de notre idéal humaniste, est tombée à 4,3 en 2015-2016 et 4,9 en 2018-2019.

Mais cette moyenne, déjà basse, est par ailleurs trompeuse, car ce n’est malheureusement pas 4 ou 5 joueurs qui peuvent désormais postuler à être titulaires dans les lignes de trois quart, mais au mieux 3. En effet, 48% des joueurs dits de moins de 180 cm sont des demis de mêlée, ce qui ne laisse plus que deux places à soit un ailier, soit un demi d’ouverture ou un arrière.

Entre la saison 2015-2016 et celle de 2018-2019, les données n’ont pas évolué, hormis le fait que plus aucun trois quart centre ne mesure moins de 180 cm. Les demi de mêlées, les ailiers de La Rochelle (Andreu, Retière et Lacroix) ou Kolbe sont bien des exceptions qui confirment la règle du CAC 14 : plus grand, plus lourd, plus puissant. 

Cette évolution vers des joueurs de rugby de plus en plus grands est-elle inévitable ? On peut le penser, mais surtout, elle cache un problème encore plus grave, à savoir l’augmentation du poids des joueurs en 20 ans de professionnalisme.

« sources : rugbyrama 1996-1997 et 2015-2016.

Annexe 1 : nombre de joueurs de moins de 180 cm en 1996-1997.

 

Arrières

Ailiers

Centres

Demi d’

ouverture

Demi de mêlée

Totaux

Agen

1

2

2

1

3

9

Bègles -Bordeaux

1

2

2

0

2

7

Béziers

0

1

2

1

2

6

Biarritz

2

0

1

2

3

8

Bourgoin

0

0

1

0

3

7

Brive

1

2

1

0

3

7

Castres

 

1

1

2

0

2

6

ASM

1

0

4

0

2

7

Colomiers

1

1

4

2

1

9

Dax

0

0

0

1

1

2

Dijon

0

3

3

2

2

9

Grenoble

0

3

2

1

4

10

Narbonne

0

2

1

2

2

7

Nimes

0

1

2

1

2

6

PUC

0

2

2

2

2

8

Pau

0

2

1

3

3

9

Périgueux

1

2

3

2

2

10

Perpignan

0

1

1

2

1

5

Toulon

0

3

3

0

2

8

Toulouse

0

0

3

2

1

6

Totaux

9

28

40

24

43

144

 

Annexe 2 : nombre de joueurs de moins de 180 cm en 2015-2016.

 

Arrières

Ailiers

Centres

Demi d’

ouverture

Demi de mêlée

Totaux

Agen

0

0

0

1

2

3

Bègles -Bordeaux

0

0

0

0

2

2

Brive

0

0

0

1

3

4

Clermont

Ferrand

1

0

0

2

1

4

Grenoble

0

2

1

1

2

6

La Rochelle

0

2

1

2

3

8

Montpellier

0

1

0

2

2

5

0yonnax

0

1

0

0

2

3

Pau

0

1

0

0

3

4

Racing

1

1

0

1

1

4

Stade Français

0

1

0

0

1

2

Toulon

1

1

1

0

3

6

Toulouse

1

2

0

1

3

7

Totaux

4

13

3

12

30

62

 

Annexe 3 : pourcentages par postes.

 

Arrières

Ailiers

Centres

Demi d’

ouverture

Demi de mêlée

Totaux

2018-2019

7

(10,2%)

14

(20,3%)

0

15

(21,7 %)

33

(47,8 %)

69

2015-2016

4

(6%)

13 (20%)

3

(8%)

12

(19%)

30 (48%)

62

1996-1997

9

(6%)

28

(19%)

40

(28%)

24

(17%)

43

(30%)

144

7 Commentaires

  1. C très vrai toutefois le 7 laisse une place aux petits grâce à la vivacité nécessaire à cette pratique.
    Il n’ai pas interdit de voir quelques joueurs de petite taille vif et intelligent trouver leur place dans le 15 à l’image de Christophe Dominici

  2. Il serait intéressant de se demander si des joueurs de taille moyenne peuvent encore être formés en France.
    Les détections en -14 conditionnent la possibilité d’entrer en pôle espoir, malheureusement les qualités morphologiques sont moins subjectives que les qualités techniques ou morales, la détermination, l’envie de progresser…
    Idem pour les centres de formation, on cherche à pratiquer un jeu de carambolage proche de la ligne d’avantage où la prise d’initiative compte moins que le défi physique.
    Pour être honnête, jouer plusieurs saisons face à des adversaires plus grands et plus lourds, ça use aussi les petits gabarits, provoque des blessures graves et des arrêts de carrière prématurés.
    Les Cordorniou, Corrihons, Cambé du futur auraient aujourd’hui du mal à faire reconnaitre les qualités qui ont fait la gloire de leurs ainés.

    1. Tout à fait mais la qualité du jeu s’en ressens, plus de belles envolées que du carambolage, triste rugby qui est à la base un sport d’évitement.

  3. C’est bien mensonger tout cela ! Supporteur de Brive, je ne suis pas d’accord sur fait que vous ne releviez qu’un seul demi d’ouverture mesurant moins de 180cm sur tous les 3/4 charniere et arrières compris.
    Masilevu : Ailier, moins de 180cm
    Iribaren: Mêlée, moins de 180cm
    Péjoine: Mêlée, moins de 180cm
    Mignardi: 3/4 centre, moins de 180cm

    Il y en a bien d’autres encore… et dans d’autres équipes, assurément.

    1. Iribaren, pejoine Et l’asile vu font partis des 4 joueurs de Brive … De moins de 180 cm. mignardi mesure 180 cm. C’est facile et peu constructif de traiter quelqu’un de menteur. Je ne suis pas payé par la ligue des joueurs de moins de 180 cm, M. Le coujoux

  4. Vous avez tout à fait raison, mais le pire est à venir. Lorsque l’on voit le nombre de joueurs étrangers jouer dans les clubs français du Top 14 et même de PRO D2, il ne faudra pas s’étonner que nos jeunes ne veuillent plus sacrifier leurs études (souvent car en pôle espoir les lycées ne valent pas lourd) pour se retrouver à jouer en Fédérale.
    Je sais de quoi je parle j’ai un fils qui me tient ce discours.
    Il faut voir le nombre de joueurs étrangers que l’on fait rentrer pour jouer dans les équipes espoirs… très encourageants pour nos gamins.
    A mon avis la FFR et la Ligue devrait y réfléchir à deux fois, s’ils ne veulent pas tuer le rugby à 15.

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