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Comment la DNACG et le RUGBY PRO ont tué mon club et mon école de rugby

Par Frédéric Bonnet

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Le rugby a été créé par des enseignants-éducateurs anglais à des fins pédagogiques pour émanciper les jeunes hommes, et femmes désormais, et pour les rendre meilleurs. Au final, le but était d’avoir une société plus juste et solidaire. Le professionnalisme a tué ce beau projet en faisant entrer le loup capitaliste sur la pelouse.

Ce sport éducatif était au départ destiné à tous. Son universalisme accueillait tous les gabarits et tous les types d’hommes existant dans la société. Dans une équipe, on trouvait des maigres et des gros, des petits et des grands, des lourds et des rapides. Spécificité française grâce à la main mise du parti radical (de gauche) et de la franc maçonnerie, le rugby mélangeait aussi les riches et les pauvres, en sommes toutes les classes sociales. 

En politique, comme en rugby, les gens qui se disent réformistes veulent surtout moins de règles protectrices, plus de libéralisme et moins de liberté. Grosso modo, ils veulent revenir à la loi du plus fort : les plus puissants, les plus costauds, les plus grands et les plus riches écrasent les plus légers, les plus faibles, les plus petits et les plus pauvres. L’utilisation du mot réforme devient donc une hérésie intellectuelle une filouterie langagière. Le rugby, qui a vu sans cesse ses règles évoluer pour le meilleur souvent, pour le pire parfois, a perdu en vingt ans de professionnalisme quelques unes de ses valeurs essentielles. Son universalisme (alors que paradoxalement le rugby s’internationalise), son amateurisme et une grande part de son mystère (les caméras sont partout). 

Les soit disant réformistes ont donc amené l’argent, le fric, le pognon, les grandes entreprises et les grands groupes, les millionnaires et les milliardaires, le capitalisme à la tête du rugby des grandes nations. Or le rugby, c’est un peu comme la sécurité sociale, il ne devrait pas avoir de but lucratif, il ne devrait pas faire de bénéfice, il devrait juste être au service du bien commun. Il fut inventé par les hommes pour les hommes, comme la sécurité sociale fut créée pour protéger les hommes en cas de maladie au début du XXe siècle. Le concept de « trou de la sécurité sociale », tout comme celui de club « endetté » n’est donc qu’une idée politique visant à détruire les plus pauvres (pas de sécu aux Etats unis, seuls les plus riches sont soignés) et les clubs les plus modestes. Le rugby n’a pas être rentable financièrement, il doit l’être sociétalement. 

En 1999, la FFR et la LNR, ont créé la DNACG, Direction nationale d’aide et de contrôle de gestion, composée de trois entités : le Conseil supérieur, la Commission de contrôle des championnats fédéraux et celle des championnats professionnels. Cette instance n’est rien d’autre que le bras judiciaire et répressif des classes dirigeantes du rugby et des grands clubs. Leur but : transformer le rugby des clubs, le rugby des villes et des villages en Super rugby européen, puis mondial, avec des franchises hors sol (le Racing n’a plus de ville, Montpellier est déjà une franchise héraulto-sud africaine, à quand le déménagement du RCT à Marseille ?), qui comme dans le film Roller ball s’affronteront lors de spectacles pyrotechniques lucratifs internationaux.

Ce rugby moderne a déjà licencié de notre Ovalie nationale des clubs de premier plan : Bagnères de Bigorre, Lourdes, La Voulte, Bégles, Tyrosse, Hagetmau, Nîmes, Oloron, Le Boucau, Tulle, Graulhet, Romans... Ces clubs ont soit disparu, soit jouent au mieux en fédérale 1. 

Pire, la DNACG punit chaque année des clubs, comme l’Union européenne l’a fait avec la Grèce, en les rétrogradant sur la foi de pseudo règles financières : Bougoin Jallieu, Biarritz, Narbonne, Tarbes, Bergerac, Libourne, Périgueux, Chalon, Lille, Saint Nazaire et peut être bientôt Auch. Dans peu de temps, pour monter en top 14, il suffira d’attendre le verdict de la DNACG. En gros, la montée sera acquise grâce au portefeuille d’actions des présidents de clubs. 

Prenons deux exemples pour illustrer l’absurdité de la situation.

Exemple 1 : Le RCT semblerait un « modèle » d’entreprise économique qui n’aurait plus besoin de mécènes. Si on met de coté la possibilité que ce modèle économique « joue » un tant soit peu avec les règles de la DNACG, le capitalisme n’a de toute façon comme règle que celle du profit. Disons donc que nous mettons un gros point positif pour le versant économique du RCT. Mais qu’en est il de l’essentiel ? Combien de jeunes issus de la formation varoise jouent pour l’équipe ? A part la première ligne (Chiocci, Frésia, Orioli) aucun régulièrement. La plupart sont partis dans d’autres clubs (pro d2 ou fédérale) ou cirent le banc des remplaçants, comme l’excellent Bruni. Combien de champion de France Crabos 2016 joueront pour l’équipe première ? Ce système ne sert pas les joueurs toulonnais, il ne sert que ses dirigeants.

Exemple 2 : Bourgoin Jallieu, finaliste du championnat de France en 1997, va redescendre en fédérale 1 cette année. La DNACG l’a décidé. Son modèle économique ne serait pas bon. Mais dans les calculs des experts comptables y a-t-il une ligne pour les services rendus par ce club à la France du rugby ? Savent-ils seulement que ce club a formé ou lancé les CécillonPapé, Nicolas, Bonnaire, Parra, Chabal, Glas ou Nallet ? Et je ne  cite que les plus connus ! Un club à ce point formateur, comme beaucoup d’autres en France, ne mérite-t-il pas plus de considération ? N’est-il pas plus utile qu’un club de mercenaires, qui pourrait bien disparaitre d’une saison à l’autre sans laisser aucune trace dans l’histoire de sa ville.

Le rugby français selon l’expression à la mode « marche sur la tête », il ne laisse qu’une portion congrue à sa jeunesse, il traite ses joueurs et ses entraineurs comme des objets, dont la valeur oscille en fonction de leurs performances. Il n’éduque plus, il use les hommes, puis les jette (Clerc ou Poitrenaud plus assez rentables à Toulouse, Trinh duc pas assez sud af à Montpellier…).

Mais, il n’est pas trop tard ! Les élection fédérales approchent. Un nouveau système, un nouveau rugby qui mettrait les joueurs et leur formation au coeur du débat peut naître. Si on loupe le coche, il faudra attendre que la bulle financière rugbystique (alimentée par les télévisions, particulièrement Canal plus) éclate d’elle même. Sans argent, les mécènes fuiront le rugby ; les supporters, les joueurs et les clubs reprendront enfin leur bien commun : le rugby. Rugby debout !

11 Commentaires

  1. les présidents de ces clubs se sont laissés aller à des gabegies financières sordides….
    Je pense qu’avec des bons dossiers en appel , certains seront repêchés…. faut arrêter l’escalade des budgets …et GERER !!!
    que dire d’un club comme le SERVETTE de GENEVE… disposant d’un budget de 500000 euros ( minimum) pour évoluer en 2eme série du championnat de France  » AMATEUR « …..
    La FFR ne favorise t elle pas cette escalade ??

  2. Merci pour cette analyse que je partage en tous points. Il convient effectivement d’être clairvoyant, le néo libéralisme a aussi envahit le sport et notre rugby avec toutes les conséquences désastreuses qui constituent son cortège odieux à tous les niveaux de notre quotidien. Ne plaçons aucun espoir dans une quelconque prise de conscience des dirigeants actuel ou de leurs concurrents, ils sont tous fait de la même veine: Libéralisme, libéralisme, l’argent roi et l’humain après et surtout place au profit… seule leur propre auto destruction pourra être salvatrice…

  3. Bien que n’étant pas acteur mais simplement spectateur. Je n’ai jamais joué au rugby,mais étant du sud-ouest – Bordeaux – le rugby était pour moi et mon père quand j’étais jeune et qu’il y en avait tous les week-ends à la télé, une véritable religion, le rugby des clubs citadins avant l’invasion de mercenaires et du fric. J’ai vu l’évolution de ce sport qui n’en est presque plus un mais un spectacle digne des jeux du cirque et du cirque réunis. Je suis donc tout à fait d’accord avec ce texte, et considère qu’il devrait être la pierre de base d’une reconstruction de l’organisation, l’éthique et la gouvernance de ce sport, et appuyerai comme je le peux avec mes faibles moyens un tel changement, en particulier un contre-pouvoir pour protéger et redévelopper les petits clubs, ce que Frédéric Bonnet avait appelé une « CGT du Rugby ».

  4. Oui Alain Comte! contrairement à toi j’ai pratiqué le rugby une quinzaine d’années avant l’avènement du professionnalisme. j’ai longtemps cru, naïvement que le rugby en particulier était porteur de valeurs dont la finalité était d’irradier le monde de l’entreprise et de la société. Au sein de l’entreprise dans laquelle j’ai fait carrière, j’ai payé pour promouvoir trop clairement ces valeurs de solidarité, de sincérité, de prédominance de l’importance du groupe sur l’individu… c’est exactement l’inverse qui est arrivé! ce sont les « valeurs » du chacun pour soi de l’entreprise qui se sont imposées au sport en général et au rugby en particulier: tricheries, impostures, égoïsme, suffisance, mépris du groupe… je suis triste d’une telle situation; d’autant plus triste que nous sommes nombreux à partager ce constat!

    1. Bonjour. Malheureusement le monde est très imparfait. Il ne faut pas perdre espoir et réunir les hommes de bonne volonté. Tu jouais dans quel club ?

        1. Ah j’aimais bien votre équipe avec Colclough barboteau vilquin larrieu chaumeil papon mialot… ceux de mes souvenirs. vous étiez troisième ligne ?

          1. Oui N°8, j’ai commencé à 18 ans dans une équipe ou le N°15 était Claude Lacaze. il faut ajouter à ta liste ci-dessus Cariat qui fut entraineur de l’équipe d’Italie, Barry l’oncle de Steeve en france seven, Laval, Pin deux redoutable pilars, Yves Lafarge demi de mêlée supersonique qui fut international A, pour ma part je ne compte qu’une sélection en France B avec la génération Paparemborde, Imbernon, Rives, sangalli, bertranne, Guilbert, pesteil Peydetour…

  5. le passé plus ou moins prestigieux de certains clubs ne les absous pas d’une rigueur financière et bien au contraire, sinon ce sera l’escalade sans argent et plus dur sera la chute alors ce que dit Fréderic Bonnet est d’une grande stupidité et dangereuse comme exemple depuis des années Bourgoin triche a un moment il va falloir payer l’addition

    1. Merci pour la stupidité: ce n’est pas parse que l’on ne pense pas comme vous que l’on est stupide. Par vos propos montre que vous êtes intolérant.

    2. C’est vrai que la rigueur financière est indispensable. Le gros souci est que l’évolution du système n’a pas permis de pérenniser ces clubs formateurs comme ceux cités plus haut mais aussi Peyrehorade, Bages, Toreilles , hagetmau…

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