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Quelques vérités sur le dopage aux corticoïdes dans le rugby et autres sports …

Par Frédéric Bonnet

Remerciements au Docteur Jean-Pierre de Mondenard pour ses informations sur le dopage 

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L’actualité remet encore sur le devant de la scène le dopage dans le monde du rugby. Cette fois, ce sont trois joueurs du Racing qui ont été épinglés lors de la finale du Top 14. Il faut dire qu’ils devaient penser être à l’abri, à tord, de tout contrôle anti dopage hors de France, à Barcelone. C’était sans compter sur les accords entre la France et l’Espagne sur la lutte contre le dopage. Les médias et les pseudos spécialistes des addictions chimiques n’assènent que des contre vérités à ce sujet. Rétablissons quelques vérités scientifiques. 

Que sont les corticostéroïdes ?

Les corticostéroïdes (cortisone) sont des hormones produites par les glandes surrénales. Ils ont une action anti-inflammatoire et sont utilisés sous forme de médicaments contre les maladies auto-immunes et les rhumatismes sous forme d’injection ou par voie orale. Certains ont un effet court (Prednisone, Prednisolone), d’autres ont un effet prolongé (Bétaméthasone, Dexaméthasone, Cortivazol).

Ils ont été mis sur le marché médical en 1936 et utilisés comme produits dopants dès 1960.

Ils peuvent être détournés de leur utilisation médicale pour leurs effets euphorisants, pour retarder la sensation de fatigue, se sentir plus fort et pour leur capacité à perdre de la masse grasse. Mais gare aux effets indésirables nombreux et graves.

Les effets indésirables des corticostéroïdes

Œdèmes et augmentation du poids,

élévation de la glycémie,

hypertension artérielle,

diminution des anticorps,

brûlures et ulcération gastro-intestinale, fractures,

embolies artérielles,

crampes musculaires,

atrophie musculaire,

glaucome, cataracte,

convulsions,

changement d’humeur, insomnies et psychoses.

Ces effets indésirables sont irréversibles lorsque la corticothérapie est utilisée au long court.

Ces médicaments étaient jugés tellement dangereux pour la santé, que des armées de pharmacologues ont passé des dizaines d’années à inventer leurs descendants moins toxiques, mais moins efficaces, les Anti Inflammatoires Non Stéroïdiens (Aspirine, ibuprofène …)

Anecdote sportive 

Dès 1997, Max Godemet, DTN de la FFR, disait que, lors de la défaite de l’équipe française de rugby contre les Sud af 52 à 10, dix huit joueurs Springboks blessés étaient sous corticoïdes injectable ! Des joueurs asthmatiques traités à des doses 100 supérieures aux doses thérapeutiques…

Plus récemment, des hackers russes ont piraté les fichiers de l’Agence mondiale antidopage (AMA) et publié les données de nombreux athlètes de premier plan ayant participé aux Jeux de Rio en août dernier. On apprend ainsi que sous couvert d’Autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (AUT), ces sportifs pouvaient prendre des produits dopants en toute légalité.

Dans L’Equipe du 18 septembre, on découvre que Wiggo a reçu des injections d’un corticoïde interdit – la triamcinolone – pour traiter un asthme avant les Tours 2011, 2012 et le Giro 2013. Pour se justifier, le cycliste britannique explique que : « l’injection de triamcinolone est un traitement intramusculaire pour l’asthme approuvé par les autorités sportives » et qu’il avait une AUT pour ce motif. Sauf que la triamcinolone en intramusculaire n’est pas indiquée dans le traitement de l’asthme mais de la rhinite allergique ainsi que de problèmes rhumatologiques ce qui de toute évidence n’est pas la même chose.

Pour illustrer ces dérapages, le témoignage de Philippe Gaumont, licencié de l’équipe Cofidis, est éclairant :

« Il n’y a pas de produits masquants, seulement des « ordonnances masquantes ».

Pour la cortisone ou les corticoïdes, il suffit d’avoir une bonne justification thérapeutique pour que les contrôles positifs deviennent négatifs. Voilà comment ça se passe : le médecin de l’équipe t’envoie voir un allergologue, c’est obligatoire. Celui-ci constate que tu es sensible aux acariens et te prescrit un spray. On avait la consigne à chaque fois de demander à tout prix du Nasacort® (triamcinolone acétonide).

Pourquoi ? Car c’est un spray qui permet de masquer la cortisone. Quand on va au contrôle, on déclare qu’on est allergique aux acariens, qu’on a une prescription de Nasacort® et qu’on en a pris le matin par voie nasale. Et à côté, on a pu se faire tranquillement une injection de Kenacort® (produit interdit contenant lui aussi de la triamcinolone acétonide) car, au contrôle, on ne sait pas faire la différence entre le spray et l’injection.

Ensuite, le médecin t’envoie vers un dermatologue. Tu te grattes un peu les testicules avec du sel pour lui montrer que tu as des rougeurs et il te prescrit six mois de Diprosone® (bétaméthasone) en pommade. Comme ça, derrière tu peux te faire du Diprostène® (interdit, contenant lui aussi de la bétaméthasone) en injectable sans risquer non plus d’être positif. » [Le Monde, 15.03.2004]

Qu’en est-il dans ce cas précis des joueurs du Racing ? Seuls quelques personnes proches du dossier le savent. Et finalement, la question d’incriminer Pierre, Paul ou Jacques ne revêt aucun intérêt. 

Les données des douanes évaluent la consommation annuelle mondiale de stéroïdes anabolisants à 700 tonnes, celle de testostérone à 70 tonnes et celle de l’EPO à  34 milliards de doses. Des quantités 10 fois supérieures à celles des besoins thérapeutiques (Bourg 2010, Donati 2007). Qui donc aurait intérêt à prendre ces substances ?

En terme de probabilité, pour une fenêtre de détection de 48 heures, une sensibilité des tests d’à peine 40 %, 12 contrôles par an et un dopage en continu, le rapport du risque d’être contrôlé positif est d’un sur trois. Mais pour un contrôle par an (cas le plus fréquent et probable en rugby), ce rapport est de 2,9 %.

Il faut donc être très maladroit, insouciant ou malchanceux pour être convaincu de dopage quand on est rugbyman. Certes. Sportivement 3 % de malchance d’être démasqué et pris pour dopage, le risque est faible.

Mais médicalement, il y a 100 % de chance d’en payer un prix très lourd.

La seule question à se poser est donc : pourquoi mettre en jeu sa santé pour un sport, une activité, un métier que TOUS les joueurs et joueuses quitteront à moins de 40 ans ? Qui se souciera de leur santé quand ils auront quitté les pelouses de l’Ovalie ? 

La quête du bouclier gravé par Brennus, mais inventé par Coubertin, est une aventure humaine, pas le sacrifice d’une génération de joueurs. Les rugbymen ne sont pas des cobayes au service de l’industrie pharmaceutique !!!!!!!!!!!

2 Commentaires

  1. Ce qui m’inquiète c’est la relative facilité à pouvoir cacher les substances illicites ..! On dirait presque des excuses de collégiens ou lycéens !!! .
    Après vu l’importance des contrats et les salaires qui font cours actuellement , des joueurs sont prêt à tout pour rester au top sans penser aux risques encourus et aux séquelles engendrées . Ils ne sont pas excusables , mais chez certains d’entre eux ( ceux qui grâce au rugby ont pu se sortir d’une vie précaire chez eux ) la décision a du être terrible .
    Pour d’autres c’est l’appât du gain , alors tant pis pour eux si il se font prendre .

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