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Remettre le rugby dans les Ecoles primaires

Remettre le rugby dans les cours de récréation : c’est possible et pas si compliqué

L’implantation du rugby dans les écoles primaires est une nécessité absolue pour le développement à la fois des enfants, mais aussi du jeu de Rugby.

Ramener le rugby dans les écoles primaires grâce au rugby à 5 ou au rugby à toucher 2 secondes, bref au rugby sans plaquage.

Par Frédéric Bonnet

 

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Le succès du rugby joué par les All blacks, et plus généralement par tous les rugbymen en Nouvelle Zélande, tient en grande partie à son caractère universel.

Dans les écoles primaires les jeunes filles et les jeunes garçons jouent tous à une forme de rugby appelée touch ou flag-rugby. Suivre la voie de ces modèles de l’hémisphère Sud, en introduisant une forme ou une autre de rugby sans plaquage dans les écoles primaires, ce n’est pas renier le sens de ce jeu ou son histoire française. Non, c’est évoluer intelligemment en fonction des exigences contemporaine tout en gardant le sens originel du jeu de Rugby : un prétexte pour éduquer les jeunes gens pour en faire des adultes plus épanouis.

Plus près de nous dans l’espace, mais plus loin dans le temps, à l’approche du XXè siècle, Bordeaux était considérée comme un pôle de développement de l’éducation physique grâce à l’action de personnalités reconnues nationalement (Eugène Paz, Charles Cazalet, Daniel Merillon, A. Mangeot et donc Philippe Tissé) qui furent à l’origine de la création des premières sociétés sportives omnisports françaises.

Le docteur Tissé créa en 1888 la Ligue girondine d’éducation physique qui va tout de suite promouvoir dans les établissements scolaires de la région de Bordeaux des formes de jeu de Rugby, type la Barette (sorte de rugby à 5, de Touch rugby) et organisa des tournois inter établissements nommés-Lendits.

La Ligue Girondine d’Education physique pronait la pratique d’une forme de rugby (ancêtre du rugby) atténué. L’idée était donc de supprimer le placage pour des raisons pédagogiques. La Ligue écrivait ainsi en 1898 : « L’expérience poursuivie pendant dix ans dans l’Académie de Bordeaux par l’Université et la Ligue Girondine d’Education Physique est concluante ; une nouvelle méthode pédagogique des exercices du corps est née. On peut désormais l’appliquer aux autres académies de France. »

A cette époque d’ailleurs, les différences entre le rugby et d’autres activités, comme la musique par exemple, étaient ignorées. La barette via son implantation dans des lycées de la région girondine suscita dans un second temps la création de clubs de rugby. 

La Revue des jeux scolaires de mai-juin 1898 recense par exemple différentes équipes : les Jasmins de Agen, les Pensées de Marmande, les Montagnards de Bayonne, les Alouettes de Montauban, les Genêts de Blaye, les Coquelicots de Pau, les Epis de Bergerac, les Bleuets de Périgueux, les Muguets de Bordeaux, les Myosotis de La réole, les Paquerettes de Sarlat, les Oeillets de Libourne, les Liserons de Villeneuve su Lot, les Boutons d’Or de Mont de Marsan, les Pyrénéens de Tarbes…

En s’appuyant sur la diversités de ces activités, le rugby s’implanta d’ abord à Bordeaux, puis gagna les vallées de la Garonne et de l’Adour, ainsi que le Buch, autour du Bassin d’Arcachon. Dans une dernière phase, le rugby se répandit le long de la côte landaise jusqu’à Bayonne à l’ouest de la Nationale 10 et autour de Rion les Landes.

Car, le Rugby sans plaquage c’est simple à enseigner, utile pédagogiquement et amusant pour les élèves des écoles primaires. Une chance pour l’éducation nationale et pour la FFR.

Pourquoi le rugby à l’école ?

Donner le goût du rugby, c’est l’enseigner à tous les élèves des écoles de la République dès l’école élémentaire, par exemple en les initiant par le biais du rugby à cinq ou du toucher 2 secondes.

Leur apprendre la feinte et le jaillissement, la fixation et la vitesse, le décalage après le cadrage-débordement, la légèreté collective et la civilité, quel bel objectif pédagogique !

Il y a fort à parier que le rugby redevienne un jeu de récréation comme un autre. Les élèves, filles et garçons, viendront naturellement peupler les écoles de rugby le mercredi et les weekends de matchs. 

Ils y joueront un an ou toute une carrière. Qu’importe, ils deviendront les pratiquants, les connaisseurs, les passeurs et les érudits de rugby de demain.

Le rugby est un jeu collectif de combat entre deux équipes qui luttent et se déplacent dans un espace délimité, en respectant des règles définies, pour atteindre une cible par l’intermédiaire d’un ballon. C’est donc à la fois un jeu collectif et de lutte.

Cette notion de lutte, et donc de contact physique, éloigne beaucoup trop de jeunes enfants, ainsi que leur parents, de la pratique du rugby.

Pourtant, il faut se souvenir que le rugby fut façonné par un pasteur et pédagogue anglais, M. Arnold, directeur du collège de la ville de Rugby. Il transforma la très violente soule française pour inventer ce merveilleux sport pédagogique qu’est le rugby. Le rugby est né dans une école, il devrait y revenir tout naturellement.

Pour en revenir à la Nouvelle Zélande, leur plus grand entraineur, Graham Henry, était instituteur. On peut toujours dire que les All Blacks ont continuellement un temps d’avance rugbystique sur les autres nations. 

C’est oublier une partie importante de l’histoire du rugby français : celui que l’on jouait dans les Landes depuis le début du vingtième siècle. Cette région était avant-gardiste. Le rugby y était le sport roi jusque dans les années 60. Il était enseigné dès l’école primaire par des instituteurs landais qui troquaient leur blouse pour des maillots de rugby dans les écoles de rugby ou les jours de match.

Ces éducateurs-enseignants-entrainants ont formés des générations de rugbymen à la fois vifs et rapides, malins et intelligents, robustes et résistants. Bref, des joueurs qui pratiquaient un rugby total, qui se rapprochait de celui des néo-zélandais.

Démarche pédagogique

Le but est de développer une approche par le jeu, le contact, mais réduit, par le mouvement et en toute sécurité.

Il s’agit de faire passer les élèves :

  • d’une pratique affective et égocentrique, centrée sur les émotions nées de la confrontation avec l’activité et qui peut engendrer des comportements tels que l’appréhension, la transgression des règles, l’agressivité…
  • à une pratique plus socialisée, centrée sur la maîtrise des émotions, la coordination des rôles et des actions sur le (et en dehors du) terrain.

Je propose de lever l’obstacle du contact corporel, pour lever l’appréhension qu’elle engendre chez beaucoup d’enfants. L’esprit libre, les enfants pourront s’approprier plus facilement les règles et des principes fondamentaux du rugby.

Il s’agit donc de favoriser la recherche par les élèves d’une coopération pour atteindre la marque et pour s’opposer à l’adversaire.

Intérêts pédagogiques du rugby à 5 ou d’un toucher 2s à l’école.

Apprendre à circuler avec lucidité dans un milieu « hostile » oblige à une éducation de la perception, de l’intelligence et de la décision. Ceci nécessitera des relations de confiance, de bienveillance et de respect mutuel, afin que chacun puisse tirer bénéfice de sa pratique.

L’absence de placage autorise la participation et l’expression de tous les enfants sans appréhension du contact (garçons / filles, petits /grands…).

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La dimension collective de l’affrontement renforce également les rapports d’entraide, de solidarité et de respect entre les joueurs. La coopération avec les partenaires doit permettre d’atteindre la cible.

Enfin l’expérience montre que la pratique du rugby à l’école constitue souvent un levier de transformation et de régulation de la vie du groupe dans la classe (modification des positions et des statuts de dominants, dominés…).

En résumé :

  • Sur le plan affectif : Agir dans une situation d’épreuve (maîtrise de la charge émotionnelle)
  • Sur le plan perceptif : Diversifier ses prises d’informations visuelles (devant / sur le côté / derrière), tactiles et kinesthésiques (poussées, corps à corps…)
  • Sur le plan moteur : Enrichir ses conduites motrices par les courses, la lutte et l’échange de balle
  • Sur le plan social : Contribuer à transformer et à enrichir le réseau des relations et le climat de la classe

Mais qu’est-ce que le rugby à 5 ou le toucher 2 s ?

Depuis plusieurs années la Fédération Française de Rugby s’est engagée dans un développement structuré et National de nouvelles formes de jeu afin de poursuivre sa croissance. Pour ce faire, elle a obtenu une délégation ministérielle en 2008 pour la discipline du Rugby à 5, puis à installé le toucher 2 s en 2017.

Compte tenu de l’accès facile et sécurisé de sa pratique, ces nouvelles formes de jeu de Rugby présentent un fort potentiel en termes de nouveaux licenciés. Il ouvre la pratique du rugby à un large public.

Cette nouvelle discipline serait idéale pour permettre la découverte du rugby, particulièrement à l’école.

En effet, c’est une pratique :

  • qui peut être jouée par tous
  • qui est spectaculaire, ludique, faite d’évitement et de passes
  • qui est sans contact et hyper active
  • qui est mixte
  • et à effectif réduit et modulable.

Et si redonner toute sa place au rugby dans les écoles primaires françaises était la solution pour retrouver une grande équipe de France ?

La fédération de handball ne s’y est pas trompée. Ce sport est beaucoup moins riche que le rugby (la LNH dispose de 6 M d’euros de budget contre 145 M d’euros pour la LNR, les clubs de la LNH disposent de 4,6 M d’euros de budget en moyenne contre 23,3 M d’euros pour ceux du Top 14) et dispose d’un potentiel de développement moindre en terme d’affluence (2500 par match pour la LNH et 13300 pour le Top 14) ou d’audience (un record de 9 M de téléspectateurs pour des matchs internationaux de handball contre 18 M pour le rugby).

Mais, la fédération française de handball a des idées !

A commencer par celle de se rendre indispensable dans l’éducation nationale. Le handball est le sport collectif que les profs d’EPS et les instits préfèrent et de loin enseigner. Une sorte de « Canada dry » du Rugby, avec le gout du combat collectif sans la rudesse des placages rugbystiques. 

Cet ancrage fort chez les jeunes a progressivement porté ses fruits :

  • Le handball français dispose en 2016 de 62981 licenciés de plus que le rugby (dans 2387 clubs de handball contre les 1885 du rugby, soit 502 de plus), alors qu’il en avait 28 934 de moins en 1972.
  • La carte de la France du Handball est beaucoup plus équilibrée que celle du Rugby, qui se cantonne toujours grosso modo à son occitanie historique.
  • Mieux, le handball est beaucoup moins macho que le rugby avec  plus d’un tiers de femmes licenciées contre les misérables 3 % du rugby. Une honte.
  • Parallèlement, le nombre d’enfants licenciés dans les écoles de Rugby a chuté de 146 449 en 2012 à 120 107 cette année, soit moins 26 342 enfants en 5 ans. Il faut dire qu’à force de ne sélectionner que les gamins les plus costauds et de les faire péter dans des boucliers à longueur de séances dans les écoles de Rugby, sans parler des affaires de moeurs, de dopages ou des diverses commotions, on a fini par faire peur à de nombreux parents. Ces gamins et ces gamines, il faut aller les chercher dans les écoles primaires. Mais cela suppose de sensibiliser, de former et de faciliter la tâche des professeurs des écoles pour qu’ils enseignent de nouveau le jeu de Rugby à leurs élèves.
Carte de la France du Rugby en 2013
Carte de la France du handball en 2013

Ce n’est donc pas un hasard si l’équipe de France de handball cumule les succès depuis 1992, mais bien la conséquence d’une politique volontariste mise en place par sa fédération. Cette réussite sportive, comme celle du rugby anglais ou néo-zélandais, trouve son origine dans la construction d’un système de formation des jeunes cohérent et optimisé. Et ce, de l’école primaire jusqu’aux équipes internationales des moins de 20 ans.

Le temps d’une génération, le rugby français pourrait revenir au premier plan. 

L’introduction ou la réintroduction du rugby, via le rugby à 5 ou le toucher 2 s, dans les écoles devrait donc être une priorité de la FFR, avec en point d’orgue l’organisation de la coupe du monde 2023 en France.

Cet investissement initial, celui de la FFR, serait vite récompensé. En 10 ans, les lacunes techniques des rugbymen français pourraient être comblées. Les écoles de rugby verraient affluer des jeunes filles et des jeunes garçons de tous milieux sociaux et de toutes les régions de France.

A terme, le XV de France pourrait peut être à nouveau rivaliser avec ses modèles All blacks ou anglais, du moins les battre de temps à autres.  

Toutefois, la tâche est immense et l’éducation nationale ne retrouvera pas en un clin d’oeil des professeurs des écoles aptes à enseigner le rugby à 5. La FFR, en accord avec l’éducation nationale, devra donc mettre des moyens adéquats et des outils pratiques efficaces pour former et guider les enseignants volontaires souhaitant utiliser le rugby dans le parcours EPS de leurs élèves.

Ces premiers enseignants convaincus des bienfaits éducatifs du rugby seront les meilleurs ambassadeurs pour le développement de ce sport dans les écoles primaires. 

8 Commentaires

  1. Super oui il faut soutenir ces nouvelles pratiques qui sont souvent peu regardé car ils n ont pas trouve l intérêt pédagogique et technique , merci ca va compléter et booster notre com du comite avec mes collègues qui luttent pour le développer .

  2. N’y à t’il pas avec le Rugby à 5 une nouvelle spoliation du Rugby à XIII par le rugby à XV ? La logique interne de l’activité XIII n’est-elle pas l’essence de ce rugby à 5 ?

    1. Pas vraiment. Dans le rugby à 5 il n’y a pas de placage. Ce qui présente un double avantage : développement des qualités techniques des joueurs et levée de l’appréhension liée aux placages.

      1. N importe quoi, mettre le rugby en primaire. Ce sport est dangereux, les commotion.sont nombreuses, il y a eu 3 morts en 2018, nombreux finissent avec des problèmes aux cerveau, voire en fauteuil roulant. Ecoutez jean chazal ex doc de clermont sur ce sujet. Et ne venez pas dire qu en jeune y a que de la touche. Un enfant qui apprend à aimer le rugby, qu est ce qu il va faire arrivé à 16 ans ? Il va arrêter pour protéger sa santé ? Non il va continuer et se mettre en danger. Une seule solution : interdire le rugby en primaire et au collège, insister sur ses dangers pour que les mères rechignent à y mettre leurs enfants… et espérer que cette pratique brutale disparaisse petit à était au profit d activités physiques moins traumatisantes. Et svp venez pas me bassiner avec « c est l école de la vie »

  3. Ce serait super ! j’utilisait le jeu à effectif réduit depuis longtemps car cela permet au jeune joueur de lire des situations et donc d’appliquer une action pour réponse , d’abord seul puis rapidement avec un partenaire et ces sensations de jeu sont primordiales car elles se transcrivent en réussite et en plaisir de jeu . Ce fait ne se retrouve peu ou plus avec un effectif complet et les joueurs « hougne » beaucoup plus qu’ils n’évitent ou ne débordent .
    La stratégie du surnombre et des prises d’ intervalles à prendre se voit plus facilement en effectif réduit et donc totalement compris . Donc , OUI dans le cadre des écoles primaire et voire plus , voilà une discipline sportive qui va apporter de l’assurance aux pratiquants

  4. Moi je le fais toutes les semaines dans les 4 écoles de ma ville.Les enfants accrochent pas mal et j’ai constaté une trés belle evolution de jeu .Je le fait sur un créneau periscolaire et avec une forte influence le midi .Trés belle experience poudr moi et les enfants,l’approche pédagogique est différente comparée au coaching de club.a plus

    1. Bonjour
      Pouvez vous me dire ce que vous faites f ire aux enfants ?
      Merci d’avance pour votre réponse

  5. Pourquoi pas un ballon de rugby pédagogique pour inities les jeunes et aider les professeurs à mieux enseigne les élèves l’école !! #libz #playbvll

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