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Evolution du nombre et de la gravité des blessures des rugbymen après vingt ans de professionnalisme

Par Frédéric Bonnet

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En vingt ans de professionnalisme la plupart des rugbymen, qui jouent en France, sont devenus des super-athlètes surpuissants et rapides, qui défient les défenses adverses en multipliant les collisions frontales dans toutes les zones du terrain. Des sortes de gladiateurs modernes, mis en scènes non pas par les dictateurs de la Rome antique, mais par leurs successeurs : les médias télévisuels, Ruppert Murdoch au départ, Canal plus et Bein sport actuellement. L’heure est au spectacle, afin d’attirer toujours plus de public. Le poids financier des clubs de rugby professionnels français en 2005-2006 était de 340 millions d’Euros, loin derrière le foot (1387 millions d’Euros), mais bien au dessus du basket (116 millions d’Euros), du handball (62 millions d’Euros) et du volley (40 millions d’Euros). Les règles du rugby international évoluent dans le sens du « tout spectacle » au détriment de l’esprit du jeu de rugby (solidarité, combat collectif, courage, respect et amateurisme) et surtout de la santé des joueurs. Les blessures sont et seront de plus en plus le fléau du rugby si on ne fait pas machine arrière.

Le baromètre de la santé de l’institut national de la prévention et de l’éducation pour la santé a évalué que le rugby représente 6 % des accidents de sport avec recours au soin, loin derrière le foot. L’INVS a calculé que 43 % des accidents sportifs provient de la pratique de sports collectifs. Parmi ceux ci, le foot et ses très nombreux licenciés, représente la grande majorité des blessures (70 %), le basket 10 %, le rugby seulement 9 %, le hand 7 % et le volley 3 %. 

Pour autant dans un pays comme la Nouvelle Zélande, où le nombre de licenciés de rugby est supérieur à celui des footballeurs, le taux d’incidence des blessures des rugbymen 2,8 blessures par joueur par saison et 130 blessures pour 1000 h de match est beaucoup plus élevé que celui des footballeurs 1,8 blessure par joueur par saison et 48 blessures pour 1000 h de match, selon une étude datant de 2001.

De la coupe du monde 1987 à celle de 2011, le temps de jeu des joueurs dans un match est passé de 21,12 minutes à 37,35 minutes et il devrait atteindre les 50 minutes en 2019. Les phases de conquête collective du ballon ont régressé fortement : de 40 à 30 touches par match en moyenne et de 44 à 14 mêlées. Au contraire, le nombre de rucks, ou mêlées ouvertes, et de placages ont explosé : de 57 à 134 pour les rucks et de 160 à 282 pour les placages. 

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La blessure typique des années 70-80 : les saignements abondants et spectaculaires de Jean Pierre Rives

Ce changement radical dans la nature et l’esprit du jeu entraine une évolution des blessures des rugbymen, qui rappelle celle des footballeurs américains. Rappelons qu’en 1993, la durée de vie moyenne d’un joueur de NFL était de 55 ans. L’attirail censé les protéger, casques, protège épaule etc., est aussi efficace que du Mercurochrome sur une jambe en bois. 

Les commotions cérébrales

Les médias français se focalisent sur le cas particulier très spectaculaire et « télégénique » des commotions cérébrales. Les KO debout de Capo Ortega et Nonu pendant les dernières phases finales, et de Fritz, il y a quelques saisons, ont marqué les esprits. Les autorités du rugby français ont d’ailleurs rapidement réagi, en 2012, en instaurant le protocole HIA en cas de suspicion de commotion cérébrale. Le but : éviter un deuxième choc en cours de match et dans les jours suivant la commotion. On sait en effet que celui-ci est particulièrement nocif à court et long terme pour les sportifs. De nombreux joueurs ont arrêté leur carrière précocement pour cause de commotions à répétitions : Andy Hazell (Ang) à 35 ans, Raphaël Ibanez (Fr) à 35 ans, Paul Tito (NZ) à 33 ans, Leon McDonald (NZ) à 32 ans, Steve Devine (NZ) à 31 ans, Shontayne Hape (Ang) à 30 ans, Nic Berry (AfSud) à 28 ans et récemment Eduard Coetzee (AfSud) à 32 ans. Jonathan Sexton (Irl), Georges North (PdGalles) ou Dylan Hartley (Ang) en ont subies aussi ces dernières années. Le rugby est devenu un sport de collisions et le plus inquiétant reste qu’en général ces commotions sont la résultante de contacts violents fait dans le respect de la règle. Dans 56% des cas, ces blessures proviennent d’une faute technique de placage. Plusieurs solutions s’offrent à la fédération : 

  • adapter les règles du rugby aux gabarits de gladiateurs des rugbymen modernes,
  • modifier la technique du placage, comme l’a fait la NFL en football américain 
  • et limiter le nombre de joueurs dans les rucks.

Une étude, commanditée par l’observatoire FFR/LNR (P.Deck), a mesuré les conséquences tardives de l’exposition aux commotions cérébrales répétées en pratique sportive. 239 joueurs de première division, ayant joué de 1985 à 1990 (sur les 1491 possibles) ont été comparés à 138 athlètes d’autres sports (sur 1164 possibles). Trente années après leur carrière de rugbyman (amateur à l’époque), les joueurs de rugby ont significativement plus de troubles de l’humeur (dépression ou manie) et de céphalées (maux de tête). Il faut dire qu’en moyenne les rugbymen avaient subi 3,1 commotions cérébrales contre 0,68 pour les autres athlètes (39% plus de trois, 38 % entre 1 et 2 et 23% aucune). Quand on sait qu’en vingt ans de professionnalisme (depuis 1996), les arrières et la charnière ont pris en moyenne 5 kg, les ailiers 7 kg, les troisièmes lignes 8 kg, les talonneurs 9 kg, les piliers 10 kg et les centres 12 kg (seuls les deuxièmes lignes n’ont « pris que  » 2 kg), ont imagine les dégâts à venir.

Comment ne pas souligner l’augmentation catastrophique du nombre de ces commotions cérébrales en 4 ans. On en compte une centaine cette année (deux fois plus qu’en 2014) en Top 14 et plus de 1500 dans les championnats fédéraux. Une commission de suivi est mis en place par la FFR. Tant mieux.
Surtout quelles seront les conséquences à moyen terme de ces commotions sur les joueurs de Rugby ? Une étude américaine de grande ampleur publiée en 2017 par le grand journal scientifique Journal of the American Medical Association (JAMA) confirme et alarme sur le lien entre la pratique de (à un niveau professionnel) du foot américain et l’apparition d’une dégénérescence cérébrale chronique.

L’autopsie de plus d’une centaine de cerveaux d’anciens joueurs professionnels de football américain a révélé que la quasi-totalité souffraient d’une dégénérescence cérébrale chronique (encéphalopathie traumatique chronique, ETC), liée à des chocs répétés sur la tête.

Les scientifiques ont analysé les tissus cérébraux de 202 anciens joueurs de foot américain ayant pratiqué à titre professionnel (aux États-Unis et au Canada), au lycée, à l’université ou en tant que semi-professionnels. Ils ont diagnostiqué l’ETC chez 177 d’entre eux soit 87% du groupe examiné. Leur âge médian était de 66 ans au moment de leur décès et ils avaient pratiqué ce sport pendant quinze ans en moyenne.

Parmi eux figuraient 111 anciens professionnels de la National Football League (NFL). Cette pathologie cérébrale a été repérée chez 110 d’entre eux. Chez les 84 anciens joueurs ayant une forme sévère d’ETC, 95% avaient des problèmes cognitifs et 85% des symptômes de démence.
Mais à quand le retour de l’évitement, de l’intelligence et du combat collectif (mêlées, touches, mauls) ? Veut-on un jeu de rugby intelligent et formant des hommes et des femmes sains de corps et d’esprit OU des gladiateurs dopés et sacrifiés fabriqués pour gagner puis jetés aux oubliettes…

Deux joueurs sont sortis de leur « réserve » cette année et ont décrit les symptômes qui les invalident dans leur vie de tous les jours : Marc Dalmaso et Stéphane Delpuech. Imanol Harinordoquy, Lionel Nallet ou Julien Bonnaire ont déjà dit qu’ils savaient qu’ils feraient « de vilain vieux ». Mais tous les joueurs ne mesurent pas les risques qu’ils prennent et à quel point ils entament leur santé à court mais aussi à moyen et long terme.

D’ailleurs, les commotions ne représentent qu’une minorité, certes très spectaculaire, des blessures des rugbymen : 14,3 % en 2014, 15,3 % en 2013 et 20,1 % en 2012.

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Un joueur victime d’une commotion cérébrale

Les autres blessures des rugbymen

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Forcément le numéro 15 a de fortes chances de subir un trauma musculaire dans les secondes qui suivent …

Les blessures ont provoqué le doublement des cas d’abandon du rugby en seulement 8 ans. Sur l’ensemble d’une saison plus d’un tiers des effectifs de clubs du top 14 jusqu’à la fédérale 1 sont blessés.

Selon une étude de l’observatoire FFR-LNR, qui portait sur le nombre de blessures de rugbymen pro en 3 ans, de la saison 2012/2013 à la saison 2014/2015, l’augmentation des sorties définitives d’un match pour cause de blessure a augmenté de 40% en 3 ans.

Les blessures les plus nombreuses, qui plus est en forte augmentation depuis trois ans, sont les traumatismes au genou, les traumatismes musculaires, les traumatismes à la cheville et les traumatismes à l’épaule. Les commotions cérébrales etaient nombreuses mais stables depuis trois ans, mais elles ont connu une forte augmentation en 2015 : près de 66 cas recensés. Les cas de Jamie Cudmore a montré que seuls des médecins indépendants des clubs pouvaient garantir le bon diagnostic des commotions.

Les postes les plus touchés sont les piliers et les talonneurs qui représentent plus d’un quart des blessures (26 %) et la charnière (18%).

Pathologies 2012 2013 2014 2015 Postes les plus touchés
Trauma du genou 25   55  94 112

No 2 et 9

N0 1 et 3

Trauma musculaire  32 76 114  108 No 1, 2, 3, 8, 10 et 14 et 15
Commotion cérébrale  38 53   59 66

No 10

 No 2 et 6

Trauma des chevilles  19  42  76 79

 No 3

No 8 et 10

Trauma de l’épaule  20  68  94 100

 No 1

No 2, 3, 4, 8 et 9

trauma de la face  15 61 75 85

N0 2, 9 et 10

 

trauma cervical  7 47 85 74

 No 2, 1 et 10

 

Trauma costal  10 47 54 53  N0 2 et 13
Trauma crânien   0  0 36  
Saignements  9 88 95 118

N0 2 et 7 

N0 1,3, 5, 6 et 9

Trauma du coude  3  12 25  20  
Trauma des mains  2  16  28 28  
Trauma du bras  8  5 14  
Autres  5  40 128 88  
Total  189  603  941 981  
 
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Moins spectaculaire que la commotion cérébrale, mais plus fréquent, le trauma du genou.

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Et son cousin le trauma de la cheville.

Revue épidémiologique des traumatismes liés à la pratique du rugby de 1995 à 2008

Selon les études épidémiologiques, en moyenne, le nombre de blessures ayant entrainé une sortie du définitive du match et un arrêt lors du match suivant varie de 16 à 74 pour 1000 heures de match (soit 12,5 matchs). 

De manière générale, le taux d’incidence des blessures est plus élevé pendant un match qu’à l’entrainement. 

Le plus surprenant est que la survenue de blessure est plus fréquente chez les semi pro (fédérale 1 par exemple), que chez les pro. Par contre, elles sont naturellement plus fréquentes chez les pros que chez les amateurs (l’intensité des matchs et le gabarit des joueurs étant moindre chez les amateurs). Les semi pros, au statut intermédiaire, seraient moins bien accompagnés et préparés que les pros, alors même que l’intensité des chocs serait assez proche de celle des professionnels.

Les amateurs et les semi pros se blessent plus en deuxième partie de saison, tandis que l’on ne retrouve pas de différence chez les pros selon la période de la saison.

Les amateurs se blessent plus en deuxième mi-temps et les semi pros en première mi-temps

En général, les blessures proviennent d’une phase de placage et ce sont les joueurs plaqués qui se blessent le plus : les lésions musculaires sont les plus fréquentes ; chez les pros et les amateurs on retrouve plus de trauma à la tête et au cou ; chez les semi pros des traumas aux membres inférieurs. 

Toutes ces différences significatives sont un atout non négligeable pour affiner les campagnes de prévention des blessures des rugbymen.

Le cas particulier de la fédérale 1 (joueurs semi pros)

Une étude prospective a évalué les accidents traumatiques des joueurs semi pros du championnat de France de fédérale 1 pendant la saison 2005-2006 (F.Pillard). Comme chez les pros ces dernières années, les blessures les plus fréquentes étaient des traumas du genou (entorses latérales du genou), des traumas de la cheville (ligament latéral externe) et des traumas musculaires (membres inférieurs).

Les joueurs les plus touchés étaient les piliers, les troisièmes lignes ailes et les trois quarts.

Seules 16 % de ces blessures faisaient suite à un jeu irrégulier ou une brutalité. Une preuve supplémentaire que ce sont bien les règles du rugby qu’il faut changer, afin de diminuer le nombre et la gravité des blessures. Pire, 22 % des joueurs ont repris le match blessés !

Les blessures étaient majoritairement dues à des phases de ruck et de placages

Enfin, le nombre de blessures ayant entrainé un arrêt d’au moins 8 jours était de 42,1 pour 1000 h de match et un arrêt d’au moins 1 mois de 30,2 pour 1000 h de match.

 

Fédérale 1 2005-2006

(tous les clubs)

Top 17 2001-2002 (5 clubs)
Arrêt 8 jours 42,1 / 1000 h de match 44,3 / 1000 h de match
Arrêt entre 8 jours et 1 mois 30,2 / 1000 h de match 31,6 / 1000 h de match
Arrêt entre 1 et 3 mois 10,2 / 1000 h de match 9,8 / 1000 h de match
Arrêt supérieur à 3 mois 1,6 / 1000 h de match 2,9 / 1000 h de match

Les arrêt de carrière pour cause de blessure

Depuis quelques années, le nombre de joueurs sommés par le corps médical de stopper leur carrière augmente. On peut citer parmi les plus connus Phil Vickery (34 ans), Harry Ellis (29 ans), Rhys Williams (29 ans), Stephen Ferris (29 ans), Aaron Mauger (29 ans), Clyde Rathbone (28 ans), James Forrester (27 ans), Pat McCabe (26 ans), James Ryan (25 ans) ou Thomas Evans (25 ans). Des arrêts de carrière brutaux et non préparés, qui en plus des blessures physiques, entrainent en général des séquelles psychologiques importantes.

Cette année, 49 joueurs pro vont arrêter leur carrière rugbystique : 26 en Top 14 et 23 en Pro D2. La moyenne d’âge de ceux qui quittent le rugby est de 34,5 ans en Top 14, elle est de 31,5 ans en Pro D2. Trois ans d’écart !

En Pro D2, il y a beaucoup plus de retraites forcées (en rouge sur le tableau) qu’en Top 14 et beaucoup moins de retraite anticipée (en bleu sur le tableau). Pourquoi ? Un statut intermédiaire, qui les expose plus à des blessures ou qui leur confère plus de précarité professionnelle.

Pour certains joueurs, la retraite est un choix mesuré et réfléchi, par exemple pour Heini Adams ou Mathew Clarkin à l’UBB, Imanol Harinordoquy à Toulouse, Mathieu Bonello à Castres, Guillaume Bousses à Oyonnax, Karim Ghezal au LOU, David Skrela à Colomier, Jean Bouilhou et Damien Traille à Pau. 

Dans d’autres cas, la retraite est forcée et subie, soit parce que le joueur ne trouve plus de place dans le rugby moderne (Benoit Guyot à La Rochelle), soit parce qu’il n’a pas été reconduit (Clément Poitrenaud à Toulouse), soit pour continuer ses études (Alex Derrien ou Germain Garcia à Dax), soit parce qu’il est blessé : c’est le cas par exemple de Blair Stewart à Bayonne, de Matt Stevens et de Paul O Connell à Toulon, de Simon Bonnet à Pau et de Yannick Forestier à Castres. En quelque sorte, ces exclus du système rugby-pro sont des victimes modernes de la férocité du monde professionnel et n’ont pas la fin de carrière qu’ils auraient tous mérité.

Goderzi Svhelidze 38 ans Brive David Skrela  37 ans Colomier
Thibaut Privat 37 ans MHR J P Bonrepaux 37 ans LOU
Stan Wright 37 ans Oyonnax Renaud Boyoud 36 ans Mt de Marsan
Jean Bouilhou 37 ans Pau Karim Ghezal  35 ans LOU
Damien Traille 37 ans Pau Ovidiu Tonita  35 ans Carcassonne
Thibaud Privat 37 ans MHR David Marty  33 ans USAP
Imanol Harinordoquy  36 ans Toulouse  Kendrick Lynn 33 ans LOU 
Paul O Connell 36 ans RCT  Viann Dupreez 33 ans LOU 
Nicolas Mas 36 ans MHR  Jacobus Kemp 33 ans Aurillac 
Heini Adams 36 ans UBB  Morgan Saout 32 ans Colomier 
Djamel Narjissi 36 ans Agen  Denis Fogarty  32 ans PARC 
Matt Clarkin  35 ans UBB  Blair Stewart  32 ans Aurillac 
Euan Murray 35 ans Pau  Rassie Van Vuuren 31 ans Bayonne 
 Clément Poitrenaud  34 ans Toulouse  Alex Driollet  31 ans PARC
 Guillaume Bousses 34 ans Oyonnax   Jacques Boussugues 31 ans BO 
 Sitiveni Sivivatu  34 ans Castres   Eric Tafernaberry  31 ans Montauban
 Yannick Forestier   34 ans Castres  Kevin Boulogne 30 ans PARC 
 Mathieu Bonello  33 ans Castres  Daniel Waenga   30 ans BO
 Anthony Floch 33 ans MHR   Clément Poux 30 ans Carcassonne 
 Matt Stevens 33 ans  RCT  Pierre Gicollet 29 ans CSBJ 
 Damien Fèvre décédé à 32 ans Pau   Jeremy Dumont 29 ans Dax 
Vincent Campo  31 ans Pau   Quentin Valançon 27 ans Albi 
 Marc Giraud 30 ans Agen  Alex Derrien 24 ans
Anthony Hegarty   29 ans Grenoble Germain Garcia   23 ans Dax
 Benoit Guyot 27 ans La Rochelle     
 Simon Bonnet 27 ans Pau     

La prévention des blessures des rugbymen

Dire qu’il n’y a rien à faire et que l’on ne peut pas lutter contre la soit disant « modernité » est une hérésie intellectuelle. J’en veux pour preuve le cas d’une politique de prévention qui a fonctionné : les instances dirigeantes du rugby ont décidé en 2010-2011 de modifier les règles en mêlées pour réduire le nombre de trauma du rachis cervical susceptible d’entrainer des lésions médullaires chez les rugbymen. En 2006, ces traumas chez les séniors concernaient surtout la première ligne (55 % des cas) et les autres avants (26 % des cas). Depuis l’ instauration de ces nouvelles règles, l’incidence de cette pathologie a été divisée par 4 en trois ans.

Il convient aussi certainement de s’attaquer aux phases de combat dynamique les plus à risques du rugby moderne et d’en modifier leur règlement :

  • les placages, du fait des gabarits de plus en plus imposants des rugbymen, en améliorant les techniques de placage des joueurs (du coté du plaqueur, mais aussi du plaqué),
  • et les rucks, en diminuant le nombre de joueurs qui peuvent y participer et en affinant les règles du déblayage.

Il faudrait aussi cibler les campagnes de prévention en fonction du public concerné en portant plus d’attention :

  •  aux risques de blessures des semi pro et des amateurs en deuxième partie de saison,
  •  aux risques de blessures des semi pro en première mi temps
  • et aux risques de blessure des amateurs en deuxième mi temps.

Il semble nécessaire de laisser plus de repos aux postes les plus souvent exposés à des blessures : la première ligne et la charnière.

La mode actuelle de commercialisation de matériel pseudo protecteur, tels les casques, les protèges tibia ou les épaulières, représente un marché, qui promet certes d’être de plus en plus florissant, mais qui sera aussi efficace qu’un pansement antiseptique sur une jambe de bois !

3 Commentaires

  1. Article très intéressant mais inquiétant sur l’avenir du rugby et de nos jeunes pousses qui pratiquent ce sport.
    Pourra-ton avoir deux rugby? un rugby professionnel, suivi de très prés médicalement et pouvant anticiper les risques irréversibles et un rugby amateur qui aurait des règles appropriées, comme l’interdiction de pousser en mêlée au niveau régional?
    Il y a urgence à modifier les règles du rugby amateur tout en gardant son attrait.
    Merci pour cette réflexion très poussée sur ce sujet

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