Débats et polémiques Rugby rugbyman Top 14 UBB

Amoureux du rugby en colère ou pourquoi je n’ai plus envie d’assister à des matchs du Top 14

Par Frédéric Bonnet et florence Brugnago

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Récit de ma rentrée des classes rugbystique. Pour une fois, cet article n’est pas basé sur des chiffres objectifs, mais sur mes humeurs d’aficionado du rugby. Chronique de mon désamour pour un club qui ne me correspond plus.

Chapître 1 : match UBB-Racing le samedi 20 août

Comme tous les ans, j’assiste en tribune sud du stade Chaban Delmas au premier match de la saison de l’UBB. Je devrais plutôt dire au premier spectacle de l’UBB. Une équipe que j’ai appris au fil des ans à aimer, presque autant que mon RCT, si cher à mon coeur.

Poour moi, le rugby est une affaire de coeur, une passion, une façon de se définir et de vivre en société. 

Bref, comme souvent, j’amène ma famille au stade. La belle aventure.

Le spectacle est amer. Oh bien sur, j’aime toujours autant les joueurs, de Madaule à Chavancy, en passant par Serin ou Chalmers, ils jouent toujours le sport que je loue au fil de mes articles.

Mais autour d’eux, quelle misère ! Quel spectacle désagréable ! Voire par moments révoltant ! Qu’ont à voir avec le rugby, Cauet faisant la pub pour une boite de nuit et les poms poms girls, que l’on croirait sorties d’un match de NFL ?

Pire, le spectacle est désormais plus dans les gradins que sur la pelouse. Pendant un bon quart d’heure, la moitié du public n’a eu d’yeux que pour les atermoiements de la création d’une vague de stade.

Quand, les spectateurs daignent se réveiller rugbystiquement, ce ne fut que pour siffler et insulter systématiquement arbitres et joueurs adverses. Sauf, bien évidemment, si cet adversaire est une star internationale : Dan Carter.

Le ridicule atteint son paroxysme lorsque la foule tente à la mi-temps une parodie piteuse du néo-classique clapping des supporters de l’équipe nationale de foot islandais. 

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Chapître 2 : entraînement de l’UBB à Bègles le mardi 23 aôut 

Depuis l’année dernière, les bèglais savent qu’ils ne pourront plus voir de match de l’équipe première de l’UBB dans leur ville. Je me console avec la superbe équipe des espoirs de David Ortiz, qui joue encore à Musard, ou Moga, stade emblématique du Club athlétique de Bègles.

Alors évidemment, les damiers ont disparu au grand désespoir de l’Académie, les glorieux supporters du rugby bèglais. Mais, je prends toujours plaisir à aller voir l’équipe première de l’UBB s’entraîner et rigoler en semaine.

Après avoir fait mes courses dans le centre du village bèglais, acheté ma baguette au Pain de tranchoir, pris mon entrecôte à la boucherie Pascal Oliveira et bu un café au Poulailler, c’est agréable de rencontrer de manière informelle les joueurs, toujours souriants et abordables. 

Stupeur, ce mardi, le stade était verrouillé, cadenassé, les joueurs étaient loin, très loin, inaccessibles. La trentaine de supporters  sont enfermés et parqués derrière des barricades en face de la tribune principale (tribune Garonne).

Désormais, il parait même que certains entrainements se feront à huis clos. Chut, les joueurs travaillent, en secret à Bègles, pour mieux distraire les spectateurs bordelais…

D’ailleurs, mes camarades du groupe rugby-en-melee.com m’ informent qu’à Toulon, Toulouse, Pau ou encore La Rochelle, c’est malheureusement la même chose.

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Chapître 3 : comment redonner le goût du rugby 

En vingt ans de professionnalisme, le rugby s’est éloigné à vitesse grand V des amoureux de ce sport. Où va donc ce rugby qui perd son ancrage populaire, qui a détruit le rugby des villages, qui efface sa mémoire collective, qui se coupe de ses racines, de ses passionnés, de son âme ? 

Le rugby fut souvent trop élitiste, alors qu’il aurait du se démocratiser. Comme l’opéra ou le cinéma, le rugby et ses règles si complexes demandent une initiation et une éducation.

Pour éviter la footballisation du rugby prédite par le philosophe Robert Redeker en 2006, notre sport a besoin de passeurs et d’éducateurs entraînants. 

Donner le goût du rugby, c’est l’enseigner aux élèves des écoles de la République dès l’école élémentaire. Leur donner le goût du jeu de rugby en les initiant avec du rugby à cinq par exemple. Leur apprendre la feinte et le jaillissement, la fixation et la vitesse, le décalage après le cadrage-débordement, la légèreté collective et la civilité.Que le rugby devienne un jeu de récréation comme un autre. Ces élèves, filles et garçons, viendront naturellement peupler les écoles de rugby le mercredi et les weekends de matchs.  Ils y joueront un an ou toute une carrière. Qu’importe, ils deviendront les pratiquants, les connaisseurs, les passeurs et les érudits de notre sport. On n’entendra plus siffler systématiquement arbitres et joueurs adverses dans les stades. Avec un peu de chance, on retrouvera peut être une part de notre identité rugbystique, le french flair.

Donner le goût du rugby, c’est aussi qu’un club fasse parti d’une commune, d’une ville, d’un quartier. Que les joueurs d’un club soient tous imprégnés de la culture de leur équipe, que les anciens joueurs reviennent et transmettent l’identité de leur club. L’UBB, c’est quoi au juste pour ses joueurs ? Les grands crus, le marché de Noel de Bordeaux et les supermarché de la CUB ? Comment bâtir un projet commun entre des joueurs venant d’un peu partout dans le monde, en se détachant totalement de l’histoire d’une agglomération et des clubs qui en font parti : le SBUC et le CAB, mais aussi tous les autres. Car, les présidents, les entraineurs et les joueurs passent (même en cours de saison), mais les amoureux du rugby restent, EUX.

Le rugby, frontière de l’infini sportif, vers laquelle vogue toutes les équipes de l’Ovalie.

Qui se rappelle que ce pays sans limite fut inventé en 1953 par un béarnais, Raymond Gabaig. Denis Lalanne nous raconte qu’à la Coupole, ce béotien du rugby, inventa ce mot magique en écoutant une assemblée de passionnés refaire le match du jour.

Depuis lors, des personnages illustres ne cessent d’écrire les louanges de ce sport, qui est plus qu’un sport :

  • du poète Jacques Rougeaud et sa mêlée à l’ENS avec Samuel Beckett,
  • du romancier Raymond Abellio et sa géographie sacré du rugby,
  • du journaliste Jean Lacouture et ses brutes transfigurées d’un sourire du violoniste écoutant du Bach,
  • du romancier Pierre Mac Orlan et sa muse du stade,
  • du professeur de littérature Francis Marmande et sa chorégraphie pour les anges,
  • du critique littéraire Kléber Haendens et sa passe en cloche pour le paradis,
  • du romancier Jean Giraudoux et sa récréation virile,
  • du allez les petits du journalistes Roger Couderc,
  • du rugby de Muerte du neuropsychologue Paul Voivenel, 
  • du choeur antique sur le terrain du philosophe Michel Serres,
  • à la faconde poétique de Daniel Herrero.

Les acteurs du rugby professionnel de la saison 2016-2017 ne devraient pas oublier d’où ils viennent et pourquoi leur sport fut inventé. Ils devraient être les héritiers et les continuateurs de cette école de l’engagement collectif et physique, de la force morale et de l’intelligence en éveil. Sinon à quoi bon aimer le rugby plus qu’un autre sport ? 

 

 

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7 Commentaires

  1. 52 ans de rugby à mon actif .Bien sur le rugby a changé mais la société aussi .Quand je vois la  » vague de stade » alors que nos joueurs sont dans une période difficile et qu’il faudrait les encourager cela me désole .Mais malheureusement nous avons plus de spectateurs que de supporters j’entends: « les vrais » pas ceux « du café du commerce ». Pour les entrainements il s’avérerait que certains spectateurs se sont égarés en allant dans des endroits réservé aux joueurs ,connaissant la plus part des supporters je peux affirmer qu’il a suffit qu’un nombre infime (pas des habitués) dérape pour que ces mesures soient prises. C’est dommage

  2. BUDGET SERRE , places inaccessibles pour des amoureux , difficultés pour transmettre sortie en famille ……
    JEU TROP STEREOTYPE mais qu’importe si en famille on peut échanger et supporter son club local du top 14 et que le porte monnaie supporte !!!
    APPRENDRE A CONNAITRE LES ETRANGERS …. ben l’histoire n’ai plus la même de savoir d’où il vient ? sa formation ? sa géographie …. avec qui il a joué grandit
    bon , on change et on s’adapte quand on aime !
    mais je reste parfois mieu à 80 kms devant la tele et regarder le match …..
    le dimanche à 15h me manque tout de même

  3. Alors pour ma part , je continu de râler sur le contenu peu enthousiasmant des matchs , mais je regarde dés que possible une rencontre à la télé ( je suis abonné à Rugby + ) et ce soir c’est le départ du ProD2 . Je continu tout de même à chercher pour apprécier , le jeu au large , le large large quand on nous en donne ( avec l’UBB on arrive à en avoir …) , les situations de zones d’affrontements , le jeu de la touche , les mêlées et j’essaye d’être objectif avec ce que j’ai vu en cherchant à savoir si le score est logique ou pas .
    Sinon , je suis allé au stade UBB- Racing 92 , alors je te rejoins sur les poms-poms girls (charmantes quand même ) mais je trouve un peu bizarre de les voir là .
    Et je te rejoins aussi sur l’ambiance plutôt BCBG ( c’est Bordeaux ) , la « Ola » doit se déclencher naturellement sinon on en fait pas , et ce speaker qui hurle et on ne comprend pas tout !!!, bref très moyen .
    Je regrette le temps des ambiances surchauffées à Musard (avec un public pas toujours fair play….. , mais connaisseur et toujours présent au soutien de son équipe ).
    Effectivement , j’ai assisté à la mise en place des panneaux , la semaine dernière à Musard , et c ‘est bien pour chercher à isoler de plus en plus les joueurs du public présent qui , pour une partie de ce public , peut devenir un peu trop envahissant . Mais c’est dommage pour nous .
    Quand à l’évolution du jeu tel que nous le connaissons actuellement , je crois qu’il n’y aura pas de marche en arrière . Donc il n’y a plus que l’enseignement de ce jeu chez les jeunes sur lequel il faudra s’appuyer pour retrouver un jeu plus naturel . Mais aux vues de certaines choses en catégories jeunes et très jeunes , c’est pas gagné !!!!

  4. Ce  » dérapage d un touriste » n est que pretexte, c est du pipot, les panneaux  » site privé… » sont instalés depuis plus d un mois, aux entrees du stade. Ibanez souhaitait une mise a distance du public depuis longtemps. Bon il a juste oubliez que sans public, point de stars…. et de visibilité, donc point sponsor et donc bcp bcp moins de fric!!! Et je ne pense pas que mister se contente d un salaire de simicard! D autre part si mister peut faire le hero dans son centre d entraînement, c est peut etre que celui ci et financé par ce public indesirable, que l employé municipal qui ramasse sa merde, pour le smic, et payé par ce public que l on veut ecarté des entraînements… Et pompon:  » acces réservé en priorité aux membres du cab… » l ubb, n etant pas le cab, les joueurs n y sont pas licenciés!! Donc pour l instant rien de legal dans cette privatisation! Mais notre maite va bien nous pondre un ti arreté pour legalisé ce énième manque de respect des beglais! Il a bien laissé l ubb repeindre notre stade aux couleurs de la ville d a coté… ha il est loin le tps ou Dédé a la tireuse, Jean Jacques et tous les autres au service nous abreuvaient apres les matchs! Ca ne les a pas empecher d etre champipns de france….

  5. Voilà qui est dit et bien dit !
    En effet la proximité des supporters et de nos joueurs de l’UBB donne une bonne image bénéfique et saine pour le grand public à l’inverse de l’image que nous renvoie les footeux qui s’entrainent eux à huit clos la plupart du temps et l’on ne voit que furtivement s’échapper du stade au volant de grosses voitures de sports .
    Je crois que la direction et le staff de l’UBB sont en train de couper un des derniers liens que l’on pouvait avoir avec les joueurs puisque à Musard il n’y a plus les après matchs sympa avec les joueurs , qu’à Chaban et au Matmut on ne les voit plus .Bref , encore dommage !!!! et de nous rendre un peu plus nostalgique du bon vieux temps du (et des)Damier (s) …..!

  6. Je partage en grosse partie ces atermoiements. Le rugby à quelques matchs près m’ennuie. Les artistes disparaissent au profit des golgothes. L’imagination et le génie sont proscrits. Une initiative risquée sauf si elle aboutit dans l’en-but est systématiquement sanctionnée par le coach. Ce sont ces derniers les vraies divas. Ils font et défont les joueurs aux grès de leurs humeurs. Au delà du fait que pour moi l’intérêt pour top 14 est tombé d’un cran car mon fils a décidé d’en sortir (au moins provisoirement refusant des propositions intéressantes) je défends l’idée que le 7 s’il montre un autre visage que celui des JO de Rio et si autour est mise en place une vraie stratégie entrepreneuriale doit devenir l’avenir du 15. Plus compréhensible, plus aéré, plus frais, plus joueur, plus simple, tout simplement plus agréable et universel, il doit devenir plus présent en ovalie et séduire le plus grand nombre.

  7. Tout est dit !
    L’article reprend tout ce dont on discute régulièrement entre Béglais! Il restera à aller voir les Espoirs même si certains tics des Pros y apparaissent déjà ou mieux remonter la Garonne et aller se ressourcer devant un bon match de Fédérale 1 à Langon !
    Quant à la nouvelle politique sécuritaire lors des entrainements on verra la tolérance à l’usage!Dès demain j’amène mes filles filles à l’école Gambetta en traversant Musard, enfin j’espère que ce sera encore possible! Merci pour l’hommage à Madoune et Mignaçabal.

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