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En 2017-2018, le recrutement de joueurs de rugby formés en France revient à la mode dans le marché des transferts

Par Frédéric Bonnet

 

La qualité de visionnaire d’un dirigeant de club de rugby se mesure avant tout à sa capacité de jugement, de prévoyance et d’anticipation de l’avenir du monde du rugby. La toute nouvelle réforme des licences de couleur du championnat fédéral, décidée par la gouvernance de la FFR menée par M Laporte, semble déjà avoir des répercussions sur le marché des transferts de joueurs du TOP 14. Ce nouveau système, qui prévoit de limiter d’ici 2020 le nombre de joueurs non sélectionnables en équipe de France à cinq par feuille de match, pousse enfin les recruteurs à engager majoritairement des joueurs formés en France. 

Signalons encore une fois en préambule que formation française ne veut pas dire nationalité française. Notre pays s’enorgueillit d’être une terre d’accueil pour les différents peuples qui fuient la misère ou les guerres. Le Rugby est un magnifique moyen de les intégrer aux valeurs universalistes de l’hexagone. 

Les nouvelles licences

L’année prochaine en fédérale 1 (saison 2017-2018), les joueurs français ou comptant 7 ans de licence FFR seront classés en catégorie A, les joueurs européens en B (la Roumanie va revenir à la mode contrairement à la Géorgie) et les joueurs extra-communautaires en C. Les clubs de fédérale 1 ne pourront inscrire plus de 6 joueurs par feuille de match sous licence B ou C (avec un maximum de un en C). Ce nombre tombera à 5 en 2018 et à 4 en 2019. Pour la fédérale 2 et la 3, les conditions sont encore plus dures : 4 l’année prochaine, puis 3, et enfin 2.

Les répercussions sur le marché des transferts du TOP 14

Cette saison, la plupart des dirigeants des clubs du TOP 14 ont anticipé l’extension de cette réforme au monde professionnel. Ainsi, la proportion de joueurs formés en France s’est-elle inversée cette année, passant de 47 % en 2016-2017 à 61,2 % en 2017-2018.

Toutefois, cette proportion varie significativement selon les clubs, de 38,5 % au Rugby club toulonnais à 90 % au Castres olympique par exemple (confer tableau 1) et selon les postes des joueurs, de 30 % à 100%  (confer tableau 2).

Le TOP 14 avait recruté 183 joueurs l’année dernière, il en recrute à ce jour début aout 2017 un peu plus, 201 exactement. Au total cette année, les clubs du TOP 14 ont recruté 41 joueurs formés en France de plus que l’année dernière (127 contre 86), dont 30 avants et 11 arrières, et 23 joueurs de moins formés à l’étranger

Pour la première fois depuis vingt ans de professionnalisme, les clubs professionnels inversent la tendance et la mode qui consistait à recruter préférentiellement et massivement des joueurs formés hors de France. Ce changement n’est certainement pas dicté par des considération financières (un joueur formé en France reste plus onéreux, un jeune espoir a toujours moins d’expérience qu’un mercenaire en préretraite) ou par un désir soudain de sauver le XV de France. C’est bien la peur d’être sanctionné dans un avenir proche, la puissance du message de fermeté et la force de conviction de la FFR qui ont forcé la plupart des présidents de clubs professionnels de changer de fusil d’épaule. Ce qui est certain, c’est que mécaniquement le temps de jeu des joueurs formés en France augmentera.

Il est temps désormais de profiter de cette nouvelle tendance pour valoriser enfin les clubs formateurs en imposant un nombre minimal de joueurs formés dans chaque club (depuis les Crabos par exemple) sur les feuilles de match. Un joueur formé dans une école de rugby, attaché à sa commune et ancré dans sa région devrait avoir le droit de jouer pour son club, libre à lui d’en partir pour tenter l’aventure ailleurs en France ou dans le monde : que cela soit pour des raisons humaines d’enrichissement personnel, pour des raisons rugbystiques ou pour des raisons plus mercantiles.

Tableau 1 : Proportion de joueurs formés en France recrutés par les clubs

Clubs Saison 2016-2017 Saison 2017-2018
Castres 50 % des 14 joueurs recrutés 90 % des 10 joueurs recrutés
La Rochelle 53 % des 17 joueurs recrutés 75 % des 12 joueurs recrutés
Stade français 50 % des 6 joueurs recrutés 73,3 % des 15 joueurs recrutés
Brive 45,6 % des 12 joueurs recrutés 73,3 % des 15 joueurs recrutés
MHR 42,8 % des 14 joueurs recrutés 71,5 % des 14 joueurs recrutés
LOU 52,4 % des 21 joueurs recrutés 68,4 % des 19 joueurs recrutés
Toulouse 40 % des 10 joueurs recrutés 63,6 % des 11 joueurs recrutés
UBB 53,8 % des 13 joueurs recrutés 62,5 % des 16 joueurs recrutés
Agen Pro D2 61,5 % des 26 joueurs recrutés
Pau 50 % des 16 joueurs recrutés 58,3 % des 12 joueurs recrutés
ASM 50 % des 6 joueurs recrutés 57,1 % des 7 joueurs recrutés
Oyonnax Pro D2 52,6 % des 19 joueurs recrutés
Racing 27,3 % des 11 joueurs recrutés 50 % des 12 joueurs recrutés
Toulon 35,7 % des 14 joueurs recrutés 38,5 % des 13 joueurs recrutés
Bayonne 52 % des 25 joueurs recrutés Pro D2
Grenoble 50 % des 4 joueurs recrutés Pro D2
Total 47 % des 183 joueurs recrutés 61,2 % des 201 joueurs recrutés

Tableau 2 : Proportion de joueurs formés en France recrutés par les clubs avants-arrières

Clubs Avants Arrières
Castres 100 % des 2 joueurs 87,5 % des 8 joueurs
La Rochelle 100 % des 7 joueurs 40 % des 5 joueurs
Stade français 75 % des 8 joueurs 71,5 % des 7 joueurs
Brive 63,3 % des 11 joueurs 100 % des 4 joueurs
MHR 100 % des 7 joueurs 42,8 % des 7 joueurs
LOU 55,5 % des 9 joueurs 80 % des 10 joueurs
Toulouse 60 % des 5 joueurs 66,6 % des 6 joueurs
UBB 80 % des 10 joueurs 33,3 % des 6 joueurs
Agen 64,3 % des 14 joueurs 58,3 % des 12 joueurs
Pau 57 % des 7 joueurs 60 % des 5 joueurs
ASM 66 % des 3 joueurs 50 % des 4 joueurs
Oyonnax 45 % des 11 joueurs 62,5 % des 8 joueurs
Racing 33 % des 6 joueurs 66 % des 6 joueurs
Toulon 66 % des 3 joueurs 30 % des 10 joueurs
Total 66,9 % des 103 59,1 % des 98

 

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